« Maria et Salazar » de Robin Walter

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coup de coeurEn flânant entre les stands du Salon Livre Paris cette année, nous sommes tombés sur les éditions Des ronds dans l’O et plus particulièrement sur cette bande dessinée qui m’a tapé dans l’oeil. Forcément, en bonne fille d’immigrés portugais que je suis, il y a des noms et symboles qui sautent aux yeux.

Robin Walter, scénariste et dessinateur, nous a expliqué que depuis sa jeunesse il connaissait Maria, la femme de ménage de ses parents. Elle faisait comme partie de la famille, elle qui a vu grandir les enfants et les a accompagnés de nombreuses années. Et puis un jour, déjà adulte et papa, il s’est posé la question. « Mais au fait, Maria : quelle est ton histoire ? Pourquoi es-tu partie du Portugal avec ton mari ? Comment s’est passé le voyage ? Comment as-tu vécu ton arrivée en France ?’

Et c’est avec le parcours de Maria que Robin Walter retrace celui de nombreux immigrés portugais, qui sont tous partis pour les mêmes raisons : le régime de Salazar, la répression et l’absence de travail. Qui ont atterri en France et trouvé de quoi vivre comme ils pouvaient. Un job par ici, par là, la barrière de la langue, les logements de fortune comme le camp (bidonville) de Champigny.

L’auteur a fait des recherches phénoménales pour rendre compte de façon très simple et en même temps complète l’histoire de l’immigration portugaise. Les faits historiques sont très clairs et pertinents, avec une analyse juste. Le destin de Maria rend ce phénomène collectif humain et proche de nous.

Car des Maria il y en a beaucoup, partout. Et toutes ne viennent pas du Portugal. Il est bon de rappeler que les gens qui fuient la misère ou la peur dans leur pays ne viennent pas dans l’idée de nuire aux Français ou autres mais simplement dans l’espoir d’une vie meilleure.

Est évoqué aussi le problème de l’immigration qui touche aux générations futures. Comment retourner vivre au pays quand ses propres enfants ont grandi en France ? Comment garder et transmettre sa culture à ses enfants tout en leur permettant de s’intégrer en France ? La vie d’immigré n’est pas évidente ; être enfant d’immigré ne l’est pas non plus.

J’ai adoré cet album, à la fois témoignage d’une histoire forte et symbolique de beaucoup d’autres, qui s’intéresse à un pan de l’histoire de l’immigration en France mal connu. Et je suis admirative de l’effort de Robin Walter pour expliquer de façon très accessible le pourquoi de cette immigration portugaise.

C’est un gros coup de coeur et je vous invite fortement à lire cet album émouvant, intéressant et remarquablement beau.

 

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Des ronds dans l’O, 2017, ISBN 978-2-37418-042-7, 128 pages, 17€

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