« Fille en colère sur un banc de pierre » de Véronique Ovaldé

Prix des Romancières 2023 – Prix Relay des voyageurs-lecteurs 2023

Cela fait quinze ans qu’Aida vit à Palerme, loin de son île natale où vivent encore ses parents et ses sœurs. Elle a dû s’éloigner, tenue responsable du drame qui a ébranlé les siens lorsqu’elle avait seize ans : la disparition de sa petite sœur Mimi. Il y avait fête, la joie et l’allégresse réunissaient les îliens. Quelle tentation pour de jeunes filles que leur père contraignait à se tenir à l’écart ! Pendant que leurs deux grandes sœurs dormaient profondément, Aida et Mimi se sont échappées par la fenêtre pour se mêler aux festivités. Mais Mimi n’est jamais revenue.

Un coup de fil replonge Aida dans le passé, celui de Violetta, qui lui annonce que leur père est décédé. Viendra-t-elle pour l’enterrement ?

De retour sur l’île de son enfance, Aida doit faire face à la sénilité de sa mère, à la redécouverte de ses sœurs, qui s’efforcent de sauver les apparences et de faire comme si les longues années d’absence n’avaient pas altéré les liens. Aida n’est pas dupe mais rend la pareille. Elle regarde ses proches, la maison, les paysages, ce qui a changé et ce qui est immuable. Et puis elle revoit son amour de jeunesse, une aventure qui avait plus d’importance qu’elle ne voulait le reconnaître.

Que ce soit dans le temps présent où dans les souvenirs qui refont surface, qui nous permettent de retisser la trame de la vie familiale des Salvatore, la présence, ou plutôt l’absence de Mimi plane constamment. Malgré les années, le mystère demeure : que s’est-il passé ? Est-ce vraiment la faute d’Aida si plus personne ne l’a jamais revue ?

Le caractère tragique de l’histoire est largement atténué par la prose vive et volubile, voire bavarde, de Véronique Ovaldé. Telle une voix-off énergique penchée sur notre épaule, elle accompagne le récit de remarques non dénuées d’humour. Cela a le mérite d’alléger l’atmosphère mais, d’un autre côté, le rythme vif et emballé de l’écriture frôle parfois une frénésie qui ne sied pas toujours aux évènements. 

C’est une lecture qui aurait pu finir en demi-teinte en raison du décalage entre le fond et la forme, qui plaira beaucoup ou refroidira selon les lecteurs. Mais je dois reconnaître que le dénouement m’a cueillie et que je termine le roman avec un sentiment de satisfaction inattendu. Le roman est au bout du compte très plaisant, l’histoire est prenante et les enchaînements narratifs habiles. La fin au-dessus de mes espérances l’emporte finalement sur le bémol stylistique qui n’est, après tout, que question de goût !

Chronique rédigée pour Les Chroniques de l’Imaginaire

3 réflexions au sujet de « « Fille en colère sur un banc de pierre » de Véronique Ovaldé »

A vous les micros !