« La femme rompue » de Simone de Beauvoir

En mars, le rendez-vous les classiques c’est fantastique de Moka et Fanny nous emmènent du côté des Simone (je pensais à Simone de Beauvoir et Simone Weil mais peut-être y en a-t-il d’autres que je ne connais pas).

Mon envie était de découvrir La vieillesse de Simone de Beauvoir, un extrait lu un jour m’avait fait le noter avec l’idée de le lire pour le challenge. Mais en ce moment où je dois enchaîner les lectures, me lancer dans un essai de 800 pages était une folie. Je me suis donc plutôt lancée dans La femme rompue de cette même autrice, qui n’était pas le meilleur choix pour honorer ce rendez-vous particulièrement dédié aux droits des femmes…

Cet ouvrage recense trois nouvelles assez longues, L’âge de discrétion, Monologue et La femme rompue. Les trois abordant le même thème, celui de femmes qui sont poussées à remettre en cause leur vie et ce qu’elles en croyaient, je me suis contentée de lire La femme rompue pour découvrir les autres plus tard.

Dans La femme rompue, Monique raconte ce qui lui arrive en tenant un journal, que nous lisons. Monique est une épouse des années 60. Elle n’a pas poursuivi ses études pour laisser son mari faire carrière dans la recherche et a consacré tout son temps à élever ses deux filles et à tenir le foyer. Maintenant que Colette et Lucienne ont quitté le nid, elle se trouve seule pour vaquer librement à ses occupations ou avec Maurice.

Mais elle le trouve bizarre et un soir, il lui dit la vérité. Il fréquente une autre femme.

Monique n’est que quadragénaire, elle est intelligente, elle pourrait faire ses valises et refaire sa vie. Pourtant, elle fait le choix de lui accorder ce qu’elle pense n’être qu’une passade. Elle voit Maurice rentrer plus tard du travail, décommander leurs sorties, voire leurs vacances. Loin de la ménager, il tire sur la corde en faisant croire qu’il aimerait faire autrement mais qu’il n’a pas le choix, la pauvre Noëllie a beaucoup de mal avec la situation…

Je me suis lancée dans la lecture en me demandant comment j’allais pouvoir éprouver de l’empathie sans agacement pour la femme trahie qui reste fidèle et amoureuse d’un homme qui n’en vaut vraiment pas la peine. Mais le pouvoir de la littérature, c’est d’ouvrir nos horizons. Alors j’ai réussi à me mettre à la place de Monique, en lisant son journal. J’ai compris que c’était compliqué quand on est une femme dans les années soixante, une épouse, qu’on a voué sa vie à contenter son mari et ses enfants, d’admettre qu’on s’est fourvoyée. Qu’il est plus facile de se voiler la face et de s’accommoder de compromis. Que la société a du mal à se ranger du côté de la cocue et qu’elle tait les coucheries du mari.

Cette nouvelle fait 133 pages et si j’avais pu, je l’aurais lue d’une traite parce que l’écriture de Simone de Beauvoir est magnétique. Elle nous accroche dès la première page et c’est fini, on ne lâche plus. Il faut aussi admettre que la thématique est particulièrement bien traitée. La trahison de Maurice entraîne Monique dans une crise existentielle qui lui fait remettre tout en question : son statut d’épouse, son rôle de mère, son potentiel de séduction, les compétences qu’elle a mises de côté… La finesse d’analyse de Simone de Beauvoir trouve dans le sujet un terreau fertile.

Ce n’était pas la meilleure des pioches possibles pour ce thème mais je suis assez contente de mon choix quand même 🙂

11 réflexions au sujet de « « La femme rompue » de Simone de Beauvoir »

  1. Ça ne me paraît pas si éloigné du thème que ça : après tout, comprendre la situation des générations précédentes permet de mesurer tout ce contre quoi il a fallu lutter. Ce Maurice m’a l’air très veule, mais tu m’as donné envie de lire cette nouvelle malgré lui 😄.

  2. Bon choix! Je ne connaissais pas ce recueil de Simone de Beauvoir… Comme toi, j’ai dû choisir un petit bouquin pour ce mois… J’avais prévu un gros essai mais je croule aussi sous les lectures.

  3. Il ne reste plus qu’à lire les deux autres nouvelles 🙂

    J’ai l’impression que La femme rompue semble assez proche de La femme de Gilles mais je me trompe peut-être (j’ai La femme de Gilles dans ma PAL).

  4. Dommage, moi qui suis à la recherche d’un texte court pour découvrir cette auteure qui m’effraie un peu, je pensais avoir trouvé.. mais tu n’es pas assez enthousiaste ..

A vous les micros !