« La Mort du roi Tsongor », de Laurent Gaudé

La mort du roi Tsongor

Et si on croisait nos PALLu en LC avec Rosemonde et Bruno !

Résumé : Dans une Antiquité imaginaire, le vieux Tsongor, roi de Massaba, souverain d’un empire immense, s’apprête à marier sa fille. Mais au jour des fiançailles, un deuxième prétendant surgit. La guerre éclate : c’est Troie assiégée, c’est Thèbes livrée à la haine. Le monarque s’éteint ; son plus jeune fils s’en va parcourir le continent pour édifier sept tombeaux à l’image de ce que fut le vénéré (et aussi le haïssable) roi Tsongor. Roman des origines, récit épique et initiatique, le livre de Laurent Gaudé déploie dans une langue enivrante les étendards de la bravoure, la flamboyante beauté des héros, mais aussi l’insidieuse révélation, en eux, la défaite. Car chacun doit s ‘accomplir, de quelque manière, l’apprentissage de la honte.

Mon avis : sublime

Même si Pour seul cortège ne m’avait pas convaincue plus que cela, j’avais très envie de retrouver la plume de Laurent Gaudé, qui m’avait véritablement enchantée.

Pour La mort du roi Tsongor, j’ai bien davantage accroché à l’histoire, mais encore une fois c’est le style Gaudé qui fait que j’ai été transportée par ce roman.

L’histoire est relativement simple. Le roi Tsongor doit marier sa fille, mais suite à une promesse qu’elle avait faite des années auparavant, ce sont deux prétendants qui se présentent aux portes du royaume.  Le serviteur du roi, le charismatique et envoûtant Katabolonga se souvient aussi d’une promesse qu’il doit maintenant honorer. Au final, deux clans se déchirent dans le royaume et se confrontent dans une guerre sans merci. Dans le même temps, un des fils du roi doit parcourir des territoires pour bâtir sept tombeaux dédiés à la mémoire de son père.

Voilà l’essence de l’histoire. Mais ce roman, c’est bien plus qu’une histoire. C’est de la poésie, de la magie, de la beauté, un peu de surnaturel, le sens de la loyauté… On lit ce roman de manière apaisée, les mots roulent doucement, sans fausse note. C’est une douce mélodie qui vient sublimer cette histoire d’apparence si banale et qui cache en réalité une puissance extraordinaire.

A lire, à offrir, à se faire offrir, à partager, à relire par fragments juste pour le plaisir de la beauté….

Et voici l’avis de Bruno

Oups! Ce livre serait dans ma bibliothèque depuis 2004 ou 2005 attendant patiemment d’être lu. Grâce à Natiora et à sa recherche de lectrices/lecteurs commun(e)s, c’est enfin chose faite!

Pourtant, de mémoire, lors de sa sortie, les critiques étaient plutôt élogieuses, la photo de couverture  de l’édition de poche (chez Actes Sud) signée Isabel Munoz avenante et bien représentative du texte de Laurent Gaudé. Malgré tout cela, ce roman était, quand même, resté sur une étagère de ma bibliothèque.
C’est un roman court. Moins de 200 pages.
Pas évident , ni facile pour un écrivain d’être concis tout en tenant son lecteur en haleine et ce, sans que le récit en pâtisse. Pour cela, Laurent Gaudé a recours à des phrases courtes. Très courtes. Souvent un simple nom ou un simple adjectif pour que ce soit encore plus percutant.
Le résumé? Pour ceux qui n’auraient pas lu la 4ième de couverture, je dirais que l’auteur décrit la grandeur d’un roi, la puissance de son royaume puis la chute de ce roi et la perte de son puissant royaume. Royaume imaginaire, certes, mais que l’on situe facilement en Afrique (on peut penser au royaume d’Ifé mais aussi, à d’autres en Afrique de l’Est) : Comment Tsongor l’a bâti jour après jour et comment ce qui devait être son apothéose devint un calvaire, un enfer.
Dès les 1ères pages, le personnage central, le roi Tsongor, est confronté à un choix cornélien : quelque soit sa décision, il sait au fond de lui-même que c’est la fin.
Et à partir de cet instant, nous assistons, page après page, à cette chute.
C’est une écriture que je qualifierais de cinématographique . Surtout mais pas seulement, parce que Laurent Gaudé alterne, avec un sens du découpage, les scènes de bataille d’une grande violence, d’une grande fureur, dans des paysages grandioses et les scènes reposantes, apaisées où nous suivons un des fils de Tsongor, chargé d’une mission par son père qu’il doit mener à bien même si cela doit lui prendre de nombreuses années : il ne peut revenir au Palais avant d’avoir accompli sa tâche.

Comment ne pas penser en lisant ce roman aux films en Technicolor et en Cinémascope que je voyais, pré-ado, le dimanche après-midi. Des superproductions, avec des milliers de figurants,dont l’action se déroulait à Rome, en Egypte, en Perse ou ailleurs.
Un autre aspect du roman, très bien rendu par l’auteur, à travers un personnage clef (Katabolonga) est les croyances. Les croyances animistes : les relations entre le monde des vivants et l’au delà, le monde des esprits et des morts.
Charmé par le thème, par l’écriture, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman. Mais je suis surtout reconnaissant à l’auteur de m’avoir renvoyé, comme je le disais un peu plus haut, aux films de mon enfance.
Le Livre de Poche, 2006, ISBN 978-2-253-10861-8, 219 pages, 6,50€
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23 réflexions au sujet de « « La Mort du roi Tsongor », de Laurent Gaudé »

  1. Moi aussi je l’ai lu il y a fort longtemps. Tellement beau… Il me reste toujours à découvrir « Pour seul cortège » acheté au moment de sa sortie et toujours pas lu.

    1. Je suis contente de les avoir lu dans cet ordre là, « La mort du roi Tsongor » est pour moi meilleur que « Pour seul cortège ». Mais il a reçu tant d’éloges que mon avis n’a que peu d’importance.

  2. Un excellent souvenir de lecture pour moi aussi ! Mais mes deux préférés sur les quatre lus jusqu’à présent restent « Le soleil des Scorta », lumineusement beau et « La porte des enfers », douloureusement beau ! De toutes façons, son style nous embarque à chaque fois, plus ou moins mais le charme opère…
    très bien aussi le billet de Bruno ! 🙂
    Bises

    1. Oui, Bruno a une plume bien sympathique ^^
      J’ai lu « Le soleil des Scorta » mais ça fait longtemps, je n’en ai gardé aucun souvenir… Je le ressortirai de ma biblio un jour 🙂

    1. Je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé Pour seul cortège, mais je n’ai pas été charmée. Autant le style m’a conquise, autant l’histoire ne m’a pas emballée.

  3. je n’avais pas été convaincue non plus par « Pour seul cortège », mais quelle écriture il a!!! mon coup de coeur pour l’instant va au « Soleil des Scorta »!

A vous les micros !