« Disparitions », de Natsuo Kirino

9782757837139La découverte d’un ouvrage passe d’abord par la couverture. Elle peut donner une indication du ton de l’histoire : léger, drôle, sombre, dramatique… Lorsqu’il y est écrit la mention « thriller », on est en droit de s’attendre à un thriller.

Vient ensuite la lecture de la quatrième de couverture. Elle doit donner envie de lire le roman sans trop en dire. Dans le cas de Disparitions, le résumé nous apprend qu’une petite fille a disparu sur l’île d’Hokkaïdo. Le corps de l’enfant, étranglée, est retrouvé dans l’océan.

J’ai déjà lu des quatrièmes de couverture mal faites, où la moitié de l’intrigue est révélée ou qui encensent un style qui n’est finalement que banal. Maladresse, question de point de vue… Mais une quatrième de couverture mensongère, c’est du jamais vu. Je ne sais pas qui a écrit ce résumé mais cette personne n’a jamais dû lire le livre, car la petite fille n’a JAMAIS été retrouvée Ni à la page 10, ni à la page 100, ni à la page 543. Vous vous attendiez à un thriller avec pour point central la traque du meurtrier ? Raté.

Voici de quoi parle véritablement le roman : d’êtres qui vivent autour de la disparition de la petite Yuko. Sa mère, Kasumi, a fugué de son village d’Hokkaïdo lorsqu’elle était jeune. Elle rêvait de faire des études à la ville, à Tokyo mais ses parents ne voulaient pas la laisser partir. Kasumi est à présent mariée, avec deux enfants. Et un amant. Qui est aussi une relation de travail de son mari.

Ce roman tourne autour du quatuor formé par les deux couples, liés par le travail et l’adultère. Lorsque Yuko disparait, les relations respectives entre chacun vont être bouleversées. Kasumi, effondrée, consacrera des années à la recherche de Yuko, quitte à délaisser sa benjamine. Son mari essaiera de tourner la page. L’amant se sent fautif car la petite a disparu près de sa maison de vacances. Il connaîtra le destin le plus inattendu avec un changement de vie radical.

D’autres personnages auront leur importance, ceux qui se trouvaient près des lieux de la disparition. Un village avec une poignée de maisons et des habitants aux mœurs atypiques.

Disparitions est un roman au rythme très lent, dans lequel on observe les comportements de chacun, leurs réactions face aux épreuves, leurs cheminements de vie quelques années après le drame. C’est très lent, oui. Et pourtant passionnant, le lecteur est pris dans la vie de ces personnages, qui ne sont pas forcément attachants mais qu’on a envie de suivre. Les descriptions sont très précises, très visuelles et sensorielles.

En définitive, il faut aborder ce roman sans se fier à la couverture. Il est captivant, très beau, bien construit, onirique parfois, palpable, foisonnant, émouvant, éblouissant… Mais ce n’est certainement pas un thriller.

Chronique rédigée pour Les Chroniques de l’Imaginaire

Points, 2013, ISBN 978-2-7578-3713-9, 543 pages, 8,20€

Pour le challenge écrivains japonais d’Adalana nous devions lire l’écrivain de notre choix en décembre. C’est donc ma participation du mois !

Ce roman a reçu le Prix Naoki en 1999.

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14 réflexions au sujet de « « Disparitions », de Natsuo Kirino »

  1. Les 4e de couvertures sont assez souvent « à côté de la plaque »; je préfère lire quelques extraits et consulter les blogs pour savoir de quoi il retourne. Cela étant, j’avais bien aimé ce roman mais ma lecture date un peu. Je me souviens, en effet, du style long, assez sombre, touffu.

    1. Voilà, il faut surtout le lire en ne cherchant pas à savoir ce qui est arrivé à la petite, pourquoi, comment, qui… C’est l’élément déclencheur de l’histoire mais pas l’essentiel.

  2. Je comprends le parallèle que tu avais fait avec mon roman japonais du mois : Quatrième de couverture mensongère qui peut conduire à passer à côté d’un roman pourtant bon, tout simplement parce qu’elle nous en a fait attendre autre chose. Quoique de ton côté, ça a l’air pire : la mienne exagérait ; la tienne a carrément fabulé… Heureusement que tu as réussi à t’en départir au cours de ta lecture pour ne pas déprécier ce roman et ainsi estimer ses qualités à sa juste valeur. Mais quand même, pourquoi l’éditeur l’a-t-il inclus dans la collection thriller ? Telle est la question…

    1. J’ai failli passer à côté du roman. Lorsque arrivée à la page 300 la petite n’avait toujours pas été retrouvée, alors que j’attendais son corps rejeté par l’océan (je te raconte pas comment je tournais vite les pages quand l’action se passait près de la mer xD), j’ai arrêté d’attendre et me suis concentrée sur les personnages et leurs histoires.
      Mais c’est quand même dingue d’inventer carrément !

  3. J’avais découvert l’auteure avec ce roman que j’avais beaucoup aimé même s’il ne correspond pas à ce qu’on imagine à la base.
    Merci pour ta participation au challenge Natiora !

  4. J’ai malheureusement déjà vu des 4ème de couv rédigées par quelqu’un qui n’avait pas lu l’ouvrage… Par contre si ce n’est pas un thriller c’est plutôt un bon point pour moi^^

    1. Par chance c’est la première fois que je lis un résumé aussi à côté de la plaque ! Ce n’est pas un thriller effectivement, tu pourras te laisser tenter si l’envie te prend 🙂

  5. J’ai découvert Natsuo Kirino avec ce roman qui m’avait moi aussi passionnée. Je ne comprends pas pourquoi il est présenté comme un thriller. Et ta quatrième de couverture est proprement hallucinante.
    Et bonne année!

A vous les micros !