« Barbe bleue », d’Amélie Nothomb

Amélie Nothomb est une auteure que j’adore regarder et écouter. C’est un personnage fascinant, avec son élocution particulière, ses réparties bien senties, ses chapeaux extravagants, sa mémoire prodigieuse… Mais la lire, c’est autre chose. Je n’ai pas lu beaucoup de ses romans, mais chaque fois je suis un peu frustrée, il me manque quelque chose pour apprécier pleinement ma lecture. Le résumé de ce Barbe bleue me plaisait beaucoup, j’ai choisi de tenter le coup en choisissant cet ouvrage en cadeau de parrainage des matchs Priceminister.

Résumé : Saturnine est professeure remplaçante à l’Ecole du Louvre. Elle vit à Marne-la-Vallée chez une amie et tombe sur une annonce proposant une colocation en plein coeur de Paris à un prix dérisoire : une aubaine ! Le propriétaire est un homme riche, qui ne met jamais le nez dehors, et qu’on suspecte d’avoir tué les huit femmes qu’il a déjà eues en colocation.

Mon avis : bien mais pas top.

J’ai beaucoup aimé le début. La première scène se déroule dans la salle d’attente de l’appartement où les femmes se pressent non pas pour obtenir la colocation mais pour satisfaire leur curiosité en essayant d’apercevoir le redouté Don Elemirio. Saturnine n’a que faire de tous les ragots au sujet de ses huit colocataires précédentes, tout ce qu’elle veut, c’est ce logement. Elle va être choisie immédiatement, en ayant à peine ouvert la bouche.

La relation qui va naître entre les deux personnages est troublante. Don Elemirio tombe amoureux de Saturnine immédiatement, alors qu’elle le trouve étrange et n’a pas le moins du monde envie d’autre chose avec lui qu’une relation proprio/locataire. Mais Don Elemirio est un Don Juan (avec sa fortune, il peut se le permettre) : il cuisine à merveille, est d’une politesse obséquieuse, achète les meilleurs champagnes pour sa colocataire…

Oui mais voilà, il y a bien un hic : c’est cette fameuse pièce dans laquelle il ne faut aller sous aucun prétexte. Don Elemirio a une méthode plutôt perverse pour dissuader les jeunes femmes d’y entrer : il ne ferme pas la porte à clé et choisit de faire confiance, menaçant simplement que si quelqu’un contrevient à la règle, il le saura. Efficace, n’est-ce pas ? Comme le souligne Saturnine, préciser que la porte n’est pas fermée à clé c’est pousser à commettre l’irréparable. Bilan : huit mortes. Ou du moins disparues, car personne ne sait où sont passées ces huit femmes.

Donc nous avons d’un côté le mystère de la pièce noire, et de l’autre une Saturnine peu curieuse au départ mais qui, à mesure qu’elle tombe sous le charme de son propriétaire, se pose des questions sur ce qui a pu arriver à ses prédécesseures (c’est un barbarisme, mais » prédécesseurs » quand on parle de femme j’ai du mal).

La progression dans la relation des personnages m’a beaucoup plue. Don Elemirio est un érudit, au passé étrange. On n’en sait pas énormément sur lui mais ça suffit à le rendre intriguant. Saturnine m’a enchantée. Elle est réfléchie, intelligente, a de la répartie et boit beaucoup de champagne (je n’ai pas réussi à l’imaginer autrement que sous les traits de l’auteure elle-même).

Mais la fin m’a un peu déçue. Le mystère de la pièce fermé m’a semblé fade, manquant de magie par rapport au ton du roman. Ce n’est pas inintéressant mais ça ne m’a pas transcendée. Et comme d’habitude, ça manquait de quelque chose. Pour tout vous dire, pour moi ce roman c’est comme le film que vous regardez au milieu de la nuit parce que vous n’arrivez pas à dormir. Pas passionnant, mais ça vous vide la tête. Vous passez un moment agréable, pas prise de tête, vite consommé (170 pages avec beaucoup de blanc), aussitôt oublié. C’est une bonne lecture tampon entre deux romans plus ardus. Ou le roman que vous pouvez lire quand vous avez des soucis et du mal à vous concentrer : c’est distrayant et ça se lit tout seul. Et mine de rien, ça fait aussi du bien ces livres là.

Albin Michel, août 2012, ISBN 978-2-226-24296-9, 170 pages, 16,50 €

22 réflexions au sujet de « « Barbe bleue », d’Amélie Nothomb »

  1. Amélie Nothomb est effectivement une auteure fantasque, incontournable et sympathique. Tout le monde attend qu’elle êcrive un roman plus long, mais ce serait rompre avec son rendez-vous annuel et nous serions peut-être déçus.

  2. je suis admirative de la passion que provoque cette dame.(je penses à jean marc volant entre autres).Pas un style, ni une plume que j’apprécies mais j’aime le personnage et c’est pour cela que j’ai lu ton message… bonne lecture nothombesque (lolll)

    1. Oh oui, Jean-Marc est un sacré fan ! Mais Amélie Nothomb le lui rend bien, allant jusqu’à lui envoyer un texto le lendemain de leur rencontre. C’est beau !

  3. Pas du tout sensible à l’univers de cette auteure, je ne me suis jamais intéressé à sa production pléthorique. Il y a tellement d’autres écrivains à découvrir !

    1. J’ai aussi beaucoup aimé les réparties de Saturnine, un peu moins celles de Don Elemirio. Comme je le dis plus haut à Jostein, le format court ne me dérange pas. Mais pour moi ça manque d’intensité.

  4. Ce que tu dis sur Nothomb au début de ton billet rejoint mon avis sur cette auteure. Je ne suis pas très tentée par ce roman je verrai plus tard ou pas, mais je ne crois pas que cette lecture me soit nécessaire.
    (il faut que tu donnes une note sur 20 au roman dans le cadre des Matchs de Price Minister!)

    1. Ce n’est pas ce roman qui compte pour les matchs, c’est mon cadeau de parrainage. Je dois chroniquer « Home » mais je n’y arrive pas pour l’instant…

  5. même si tu es assez mitigée je pense que je vais le lire. je suis une fan de Nothomb et comme ses livres se lisent super vite ce n’est pas comme si je perdais mon temps. Je vais quand même attendre qu’il sorte en poche 😉

  6. Moi, Nothomb, je ne sais pas m’y mettre. J’en ai lu un qui ne m’a pas plu. Depuis, je n’ai pas eu le courage de replonger. Un jour peut-être….
    De toute façon, elle n’a pas besoin de moi!!
    Bon weekend.

  7. Perso, j’attends toujours mon titre pour les Matchs Littéraires… Quant à Amélie Nothomb, j’avais apprécié « Stupeur et Tremblements » mais pas « Cosmétique de l’Ennemi », « Antechrista » et les autres titres que j’ai pu lire d’elle. J’ai toujours eu le sentiment de lire la même chose…

    1. Rho, je n’avais pas vu ce commentaire… 😦
      Avec Nothomb j’ai eu de plus ou moins bonnes surprises, l’avantage étant que ça se lit vite. Même si c’est moyen je peux vite passer à autre chose ^^

A vous les micros !