« Le silence d’Ilona », de Vincent Philippe

Thomas se lance dans le déballage d’une boîte remplie de photos de familles, en compagnie de son ami, le narrateur, dont on ne connaîtra l’identité que plus tard. C’est pour lui l’occasion de revenir sur ses jeunes années et raviver des souvenirs. Comme son amour de jeunesse, Bettina. Mais c’est une photo en particulier qui va déclencher l’histoire principale de ce roman : celle de sa famille.

La grand-mère de Thomas était hongroise. Longtemps il n’a rien su d’elle, jusqu’à ce que son père lui raconte l’histoire de son épouse, Ilona, la mère de Thomas. Ilona vivait en Hongrie. Elle devait se marier avec le père de Thomas et le rejoindre en Suisse. Mais une nouvelle a failli mettre en péril cette union : Ilona a appris qu’elle était d’origine juive. Cela peut surprendre, mais les pays de l’est commençaient à adopter la doctrine nazie, et à chercher des poux aux personnes qui avaient un aïeul juif. Or nombre d’entre elles ne savaient pas qu’elles étaient « d’origine » juive, jusqu’à ce que le régime le leur apprenne.

A travers le récit du passé d’Ilona, de celui de sa soeur, et donc de leur mère, l’auteur aborde la question du nazisme en Hongrie. Il raconte comment peu à peu le pays a calqué ses méthodes sur celles de l’Allemagne, comment le pouvoir envoyait des familles dans les camps, la terreur qui s’est installée…

L’angle choisi par Vincent Philippe est intéressant puisqu’il ne s’agit pas d’un témoignage direct. C’est le mari qui a raconté au fils, et le fils qui raconte au lecteur. Pourquoi Ilona a-t-elle préféré taire ce passé ? Et ses souffrances aussi, puisque à la lumière des informations transmises par son pèreThomas comprend mieux certaines attitudes de sa mère.

On frôle parfois le récit documentaire, mais dans l’ensemble, Le silence d’Ilona est un roman très intéressant, émouvant, et remarquablement écrit.

Chronique réalisée pour Les Chroniques de l’Imaginaire

Editions Bernard Campiche (maison d’éditions suisse), 1999, 139 pages, 12,50 €

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