« Mes soeurs, n’aimez pas les marins » de Grégory Nicolas

La Bretagne et la vie de marins sont intimement liées. La famille de Perrine ne déroge pas à la règle. Son père marin est mort en mer, son époux a disparu en mer, et son fils Jean, on l’apprend dès les premières pages, suivra le chemin des marins perdus. Les malheureux !

Les malheureux ? Non. Les malheureuses. Celles qui restent avec leur détresse, leurs souvenirs, la place à jamais vide de l’absent.

Ce roman est dédiée aux femmes. A travers les destins de Perrine, la mère, et de Paulette, la femme de Jean. Paulette la forte tête se l’était pourtant juré, jamais elle n’épouserait un marin. Mais une boutade lancée le sourire aux lèvres, là voilà cueillie. Elle l’aime son Jean, et quand il lui dit que si un jour il lui demande de rester à terre, elle le croit. Lui-même devait le croire aussi, au moins un peu. Mais l’appel de la mer est plus fort.

Il est terrible ce roman, parce que Jean est incroyablement attachant. C’est un bon fils, qui n’a de cesse d’écrire des lettres à sa mère qu’il lui remet entre les mains à chaque retour. Il sait qu’il la contraint à vivre dans une crainte incessante et fait de son mieux pour rendre ses jours doux. Elle n’a que lui, après tout. Quand arrive Paulette, c’est un amoureux tendre et prévenant. Mais Jean rêve de voyages au long cours. Il vit, intensément, fidèle à son cœur, sans vouloir peiner personne. Jusqu’au drame.

Alors, il reste les femmes. Et elles sont bouleversantes. Chacune fait face à sa manière. L’une en tournant le dos à la mer, l’autre en mettant des kilomètres entre elle et l’océan, pour que son fils ne devienne pas un marin à son tour. Mais le sel de l’océan coulerait-il dans les veines ?

J’ai été transportée d’émotion du début à la fin. L’écriture est magnifique, d’une simplicité qui touche en plein cœur. Le récit est empreint d’une tristesse mélancolique, car on sait que nous assistons aux moments heureux d’un homme mort et regretté. Tous les personnages, de ceux qui nous accompagneront longtemps, sont extraordinaires et c’est avec regret que je les ai quittés.

C’est un coup de cœur puissant et ce qui le rend encore plus délectable, totalement inattendu (cadeau de mon Amoureux).

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A vous les micros !