Un peu de poésie ?

Pour le mois d’août, le challenge Les classiques c’est fantastique a pour thème Dans le square les fleurs poétisent… 

Pour parler franchement, c’est le rendez-vous qui m’emballe le moins car j’aime les écritures poétiques, mais je ne suis pas très attirée par la poésie en tant que telle. Je ne lis pas de recueils, je n’achète pas de poésie. J’aime seulement tomber de temps à autre sur un joli poème qui me touche.

Pour ce rendez-vous mensuel, j’ai voulu lire Fêtes galantes de Paul Verlaine, qui se trouve dans ma bibliothèque et que j’ai déjà picoré au lycée. J’aime sa façon d’aborder la poésie, les thèmes qu’il choisit. Mais ça m’a vite gonflée.

Donc je vais procéder autrement, en copiant ici quelques poèmes que j’aime. C’est parti…

Colloque sentimental
Paul Verlaine

Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l’heure passé.

Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l’on entend à peine leurs paroles.

Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.

– Te souvient-il de notre extase ancienne?
– Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne?

– Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom?
Toujours vois-tu mon âme en rêve? – Non.

Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches ! – C’est possible.

– Qu’il était bleu, le ciel, et grand, l’espoir !
– L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.

Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.

Heureux l’homme occupé …
Victor Hugo

Heureux l’homme, occupé de l’éternel destin,
Qui, tel qu’un voyageur qui part de grand matin,
Se réveille, l’esprit rempli de rêverie,
Et, dès l’aube du jour, se met à lire et prie !
A mesure qu’il lit, le jour vient lentement
Et se fait dans son âme ainsi qu’au firmament.
Il voit distinctement, à cette clarté blême,
Des choses dans sa chambre et d’autres en lui-même ;
Tout dort dans la maison; il est seul, il le croit ;
Et, cependant, fermant leur bouche de leur doigt,
Derrière lui, tandis que l’extase l’enivre,
Les anges souriants se penchent sur son livre.

Certitude
Paul Eluard

Si je te parle c’est pour mieux t’entendre
Si je t’entends je suis sûr de comprendre

Si tu souris c’est pour mieux m’envahir
Si tu souris je vois le monde entier

Si je t’étreins c’est pour me continuer
Si nous vivons tout sera à plaisir

Si je te quitte nous nous souviendrons
Et nous quittant nous nous retrouverons.

I Wandered Lonely as a Cloud
William Wordsworth 

I wandered lonely as a cloud
That floats on high o’er vales and hills,
When all at once I saw a crowd,
A host, of golden daffodils;
Beside the lake, beneath the trees,
Fluttering and dancing in the breeze.

Continuous as the stars that shine
And twinkle on the milky way,
They stretched in never-ending line
Along the margin of a bay:
Ten thousand saw I at a glance,
Tossing their heads in sprightly dance.

The waves beside them danced; but they
Out-did the sparkling waves in glee:
A poet could not but be gay,
In such a jocund company:
I gazed—and gazed—but little thought
What wealth the show to me had brought:

For oft, when on my couch I lie
In vacant or in pensive mood,
They flash upon that inward eye
Which is the bliss of solitude;
And then my heart with pleasure fills,
And dances with the daffodils.

If—
Rudyard Kipling

If you can keep your head when all about you   
    Are losing theirs and blaming it on you,   
If you can trust yourself when all men doubt you,
    But make allowance for their doubting too;   
If you can wait and not be tired by waiting,
    Or being lied about, don’t deal in lies,
Or being hated, don’t give way to hating,
    And yet don’t look too good, nor talk too wise:

If you can dream—and not make dreams your master;   
    If you can think—and not make thoughts your aim;   
If you can meet with Triumph and Disaster
    And treat those two impostors just the same;   
If you can bear to hear the truth you’ve spoken
    Twisted by knaves to make a trap for fools,
Or watch the things you gave your life to, broken,
    And stoop and build ’em up with worn-out tools:

If you can make one heap of all your winnings
    And risk it on one turn of pitch-and-toss,
And lose, and start again at your beginnings
    And never breathe a word about your loss;
If you can force your heart and nerve and sinew
    To serve your turn long after they are gone,   
And so hold on when there is nothing in you
    Except the Will which says to them: ‘Hold on!’

If you can talk with crowds and keep your virtue,   
    Or walk with Kings—nor lose the common touch,
If neither foes nor loving friends can hurt you,
    If all men count with you, but none too much;
If you can fill the unforgiving minute
    With sixty seconds’ worth of distance run,   
Yours is the Earth and everything that’s in it,   
    And—which is more—you’ll be a Man, my son!

Chez Moka et Fanny

8 réflexions au sujet de « Un peu de poésie ? »

  1. Je crois que c’est la chronique de tout le challenge qui nous aura posé le plus de difficultés !
    J’aime quand la poésie se picore. Et je crois que c’est ce qui me convient le mieux.

    1. Je n’aime pas du tout ma chonique mais je tenais à honorer le challenge.
      Je suis tout à fait daccord avec toi, la poésie ça se picore. Quand on envie, quand elle nous tombe dessus… Trop d’un coup et l’effet retombe.

  2. Ah ça c’est sûr, ce rdv n’a pas été simple ! Belle idée que de partager ce chouette assortiment poétique. Je ne lis que peu (pas…) en anglais mais ça a été un vrai plaisir ce Kipling, et ce Wordsworth, que je découvre.

A vous les micros !