« Juste un peu de temps » de Caroline Boudet

9782234085855-001-T.jpegLa session de septembre des 68 premières fois est lancée et voici ma toute première lecture.

Caroline Boudet aborde dans ce roman un phénomène qui existe depuis longtemps mais qui n’est clairement identifié que depuis peu : la charge mentale. La charge mentale, c’est ce qu’on attend d’une femme, de façon consciente ou pas, parce que la société veut ça. On attend d’elle qu’elle soit indépendante, épouse et mère. Qu’elle prenne le temps de s’occuper d’elle, de son couple et de ses enfants. Qu’elle arrive à jongler entre boulot, courses, devoirs du soir, histoire du coucher, repas à préparer, linge à repasser, tout en ayant le temps de se faire une manucure et d’aller chez le coiffeur. La femme parfaite, en somme. Qui fait la fierté de son mari et de ses enfants. Sauf que : c’est extrêmement pénible à vivre au quotidien. La pression qu’une femme vit pour réussir à mener de front tous les aspects de sa vie ressemble à un combat quotidien, qui la fait se sentir mal quand elle n’y arrive pas. Alors qu’une femme a le droit de ne pas réussir à tout faire, on n’est pas surhumaines. Et surtout, ces tâches là doivent se partager au sein du foyer.

Voilà donc pour ce qui est de cette fameuse charge mentale, mise en situation dans ce roman par Sophie, qui un jour pète un boulon. Trop, c’est trop. Elle part du travail à midi, monte dans un train et s’apprête à passer quelques heures rien que pour elle dans une chambre d’hôtel, toute seule avec un bon roman, sans ne plus penser aux contraintes qui l’entravent au quotidien. Sophie est fatiguée, lassée de ces journées. Elle a juste besoin de souffler.

Pendant ce temps, à la maison, c’est branle-bas de combat. Loïc, son mari, n’y comprend rien. Où est passé sa femme ? Eux qui s’entendent si bien, se disent tout. Et sa meilleure amie, Raffaella, libre comme l’air, qui comprend que Sophie a juste eu besoin de prendre l’air. Aurélie, une copine, qui est débordée alors qu’elle ne travaille pas et se demande comment Sophie fait pour assumer si bien sa vie de femme / famille / travail.

C’est un sujet intéressant qui pointe bien du doigt que cette charge est abstraite pour qui ne la vit pas. Loïc est un mari « gentil, si gentil », qui aide à faire les lessives, s’occupe du dîner et ne s’accorde que deux matinées de sport par semaine. Que deux, mais c’est déjà beaucoup plus que Sophie qui n’a jamais de temps juste pour elle. Il ne change jamais les couches, ça le dégoûte, ne sait pas mettre un body, n’a jamais mis les pieds dans un magasin de vêtements pour enfants. Alors oui, il contribue à la vie de famille, mais la répartition n’est pas égale.

Caroline Boudet n’a pas de tabous. La maternité est une chose merveilleuse. Mais il y a des moments où on la subit. On adore nos enfants. Mais on savoure ces moments où ils dorment et nous laissent tranquille. Et il ne faut pas avoir honte de le dire.

C’est’une histoire facile à lire, avec des situations rigolotes et un style agréable. On peut se reconnaître (ou pas, personnellement j’ai de la chance qu’on soit deux à bien gérer). Elle ne restera pas gravée dans ma mémoire à tout jamais mais j’aurais passé un bon moment en sa compagnie. Et je pense qu’il aura le mérite de dire à certaines femmes « je sais ce que vous vivez, vous avez le droit de ne pas être parfaite et vous avez le droit de de ne pas tout assumer toute seule ».

Pas de coup de coeur donc mais une lecture très plaisante avec un sujet fort dont il faut parler.

Stock, 2018, ISBN 978-2-234-08585-5, 268 pages, 19€

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Et un aparté, ce n’est pas demain la veille que je reverrai nos prénoms accolés à mon Chéri et moi, donc j’immortalise l’événement ^^

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2 réflexions au sujet de « « Juste un peu de temps » de Caroline Boudet »

A vous les micros !