« Monet – Nomade de la lumière » de Salva Rubio & Efa

monet-couverturejoli-coeurAutant je n’aime pas trop lire des biographies en roman, autant en BD j’adore. Alors quand nous avons vu à Livre Paris cet album racontant la vie de Monet, que très clairement je ne connaissais que pour l’impressionisme, ses nymphéas et son amitié avec Clémenceau, nous n’avons pas cherché à resister.

Le scénariste espagnol Salva Rubio a fait des études d’histoire de l’art au cours desquelles il a lu The History of Impressionism de John Rewald, qui raconte comment un groupe d’artistes rejetés par l’élite de la peinture à la fin du 19è siècle s’est rebellé faute de trouver sa place dans le classicisme ambiant. Il a gardé cet événement dans un coin de sa tête pour retracer plus tard l’histoire d’Oscar-Claude Monet, chef de file du mouvement.

L’histoire commence à la fin de sa vie, lorsqu’il doit être opéré de la cataracte et craint, après trois jours les yeux cachés sous un bandage, de ne jamais recouvrer la vue. Forcé au repos, il se rémémore son passé, à commencer par ses jeunes années. L’obéissance n’était pas dans ses gênes, l’école était un calvaire, l’aide qu’il apportait à la boutique de son père une perte de temps. Il dessinait dès qu’il trouvait le temps et c’est Eugène Boudin, le premier à repérer son talent, qui lui apprit comment regarder la nature pour bien la peindre.

Impression
Impression, soleil levant

Dès lors, Monet a cultivé son style, au détriment de sa carrière puisque comme tout bon précurseur qui se respecte, il a d’abord été traîné dans la boue. Longtemps. Durement. Désespérément. Avec en plus une famille à nourrir, puis deux, c’est admirable qu’il ait persévéré. Il a connu des hauts très hauts, mais surtout des bas très bas, et cela durant de nombreuses années. C’est ce que j’ai préféré dans cet album, l’impression d’une biographie à la fois personnelle et artistique aboutie, sans concessions.

On y croise de nombreuses personnalités, certaines qui lui ont été d’une grande aide (Renoir et Bazille entre autres) et d’autres bien moins (Degas). J’ai aimé comprendre la naissance du mouvement des impressionistes et leur opposition au sérail de l’époque. En fin d’ouvrage, Salva Rubio apporte des précisions sur les planches qui font référence à des oeuvres de Monet et d’autres artistes. C’est très intéressant de voir comment lui et Efa les ont intégrées dans l’album avec une touche personnelle tout en gardant la référence reconnaissable.

A propos du travail d’Efa, j’ai particulièrement aimé son parti pris sur les vignettes qui est de focaliser l’attention sur la scène en cours sans ajouter force détails qui dispersent l’oeil du lecteur. On voit ce qui doit être vu et reconnu, le message est clair et lisible. Je n’ai pas toujours compris le choix des couleurs d’une séquence de planches à une autre, lorsqu’on passe de couleurs très vives (voire criardes) à des tons plus neutres. Peut-être est-ce là aussi une référence au travail de Monet qui m’échappe ? Ce qui est reconnaissable en tout cas ce sont les coups de pinceaux tels qu’on peut les voir dans les peintures de Monet.

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A gauche, l’originale ; à droite, version Efa

J’ai passé un très bon moment avec ce roman graphique, comme l’appelle Salva Rubio, que j’ai trouvé très abouti, éclairant, passionnant et magnifique. Il y a un travail de recherche évident et on sort de cette lecture avec le sentiment d’avoir appris quelque chose avec l’art et la manière.

Et en plus, j’ai la chance d’avoir deux superbes dédicaces (enfin elles sont dédicacées à notre fils mais c’est tout comme) qui font de cette BD un des petits bijoux de notre collection 🙂

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Le Lombard, 2017, ISBN 978-2-8036-7115-1, 112 pages, 17,95€

Cette semaine, on se retrouve chez Mokabd_de_la_semaine_pti_black

33 réflexions au sujet de « « Monet – Nomade de la lumière » de Salva Rubio & Efa »

  1. C’est le début d’une nouvelle collection autour des peintres proposée par l’éditeur il me semble. En tout cas ça donne très envie.

  2. Très jolis dessins, je suis tentée ! C’est drôle, moi aussi aujourd’hui j’étais avec Monet, mais à hauteur de souris, et c’etait moins bien que ta lecture !

  3. Le graphisme est ma-gni-fique. J’ai pu visiter le jardin de Monet ainsi que des expos sur sa vie… du coup, je suis bien tentée.

  4. Peut-être que les couleurs criardes correspondent à la période juste avant son opération où il voyait tout déformé. Cela fait deux fois que je vois cette BD, il faut vraiment que je la trouve.

        1. C’est le problème avec les Médiathèques. Les nouveautés arrivent plus tard et il faut souvent les réserver longtemps à l’avance. Mais niveau budget c’est sacrément avantageux. Tu achètes tous tes livres?

A vous les micros !