« Sur les origines d’une génération », de Jack Kerouac

Il y a eu la génération perdue durant l’entre-deux guerre, incarnée entre autres par Ernest Hemingway, et puis il y a eu la beat generation après la seconde guerre mondiale. Qui de mieux pour en parler que celui qui a donné son nom à ce courant littéraire, artistique, philosophique ?

Définir d’où vient cette génération, voilà le propos de Jack Kerouac dans la première partie de cet ouvrage, intitulée Sur les origines d’une génération. Et comme le dit l’auteur, répondre à la question : d’où vient cette génération ? revient à répondre à : d’où vient Jack Kerouac ? Car c’est bien lui qui la représente. Il s’attache donc à parler de son enfance, et du passé proche des Etats-Unis qui l’a amené vers cet état d’esprit. La guerre, mais aussi le jazz, le cinéma…

Il évoque également l’esprit de liberté de la beat generation, qui vise à vivre intensément sa vie. Non au détriment des lois et de la morale, comme la presse voulait le faire croire, mais au profit de son épanouissement personnel. Se tromper, peut-être, mais au moins expérimenter.

Plus étonnamment, Kerouac revient sur le terme beat, généralement compris comme battu.Pour lui, il s’agit de béatitude. En réalité, Kerouac affirme dans ce texte de vingt-cinq pages qu’il est un croyant, et que Dieu est en toute chose. Il revient d’ailleurs sur cette idée dans un des textes qui suivent Sur les origines d’une génération, regroupés dans un ensemble intitulé Le dernier mot.

Il s’agit de courts textes datés, des réflexions qu’il se fait sur des sujets variés, parfois de manière romancée, comme le texte Trois sur la corrida. Il revient aussi sur l’interprétation de la presse quant à Khrouchtchev remettant son chapeau pendant un discours d’Eisenhower. Pour les journalistes il s’agissait de mépris, pour Kerouac le crâne chauve du politicien ne supportait pas la chaleur de ce mois d’automne. Son premier texte, sur la littérature américaine de son temps, est savoureux, à l’image des dix textes qui composent Le dernier mot.

Ce petit ouvrage est très intéressant pour avoir un aperçu du mode de pensée de Jack Kerouac. Ses textes sont honnêtes, pertinents, très bien écrits, avec ce style qui le caractérise. Je le recommande à tous ceux qui ont envie d’aller un peu plus loin dans la connaissance du personnage : ce livre ne fait que cent cinq pages mais on en apprend beaucoup !

Chronique réalisée pour Les Chroniques de l’Imaginaire

Folio, 2012, ISBN 978-2-07-043658-3, 107 pages, 2 €

11 réflexions au sujet de « « Sur les origines d’une génération », de Jack Kerouac »

  1. Pas du tout sensible à l’univers et au discours de Kerouac, je préfère passer mon tour. C’est malheureux à dire mais c’est typiquement le genre d’ouvrage qui pourrait me tomber des mains.

    1. C’est très particulier Kerouac. Ce petit ouvrage donne un aperçu de ses idées mais pas de son style, car il est nettement plus posé que dans « Sur la route » par exemple.

  2. je n’ai pas lu Kerouac mais je t’avoue ne pas être attirée plus que ça. Et pourtant ton billet est élogieux.

  3. Je ne connais pas ce petit ouvrage, mais il peut effectivement constituer une bonne entrée en matière pour celles et ceux qui ne connaissent pas l’univers de Jack. Au demeurant très particulier, comme bien des mythes de la littérature…

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