« Nietzsche », de Maximilien Le Roy d’après Michel Onfray

J’ai découvert Maxilimien Le Roy il y a peu avec Dans la nuit la liberté nous écoute, et je vous avais dit que j’aimerais découvrir ses autres oeuvres. En voici donc une nouvelle, une biographie de Nietzsche d’après le script cinématographique de Michel Onfray : L’innocence du devenir, la vie de Frédéric Nietzche.

Résumé : Frédéric est né et a vécu en Allemagne avec sa famille. Il perd son père très jeune, mort d’une mauvaise chute. Il va faire des études brillantes et se tourner presque avec dévotion vers la philosophie après la lecture de Schopenhauer, qui a eu de grandes conséquences sur sa vie et sa façon de penser.

Mon avis : encore une fois je suis époustouflée devant le travail de Maximilien Le Roy. Moi qui ne connaissais que de nom quelques titres de Nietzsche j’ai été fascinée en découvrant cet homme, la façon dont il a construit sa manière de penser.

Il a grandi dans une famille où l’on devenait pasteur de père en fils. Mais Frédéric ne voulait pas être pasteur, il souhaitait devenir compositeur. D’où son admiration pour Wagner, qui sera son ami pendant un temps, et qui lui inspira l’essai Naissance de la tragédie, dans lequel il évoquera la puissance dyonisiaque de la musique en faisant sans cesse référence à son ami. Ce sera l’une de ses premières publications, et c’est d’ailleurs la seule que j’aie lu de Nietzsche.

Le grand tournant a été la lecture de Schopenhauer. Ce fut une illumination et il s’est par la suite donné corps et âme à la philosophie. Et j’écris cela sans exagérer, des réflexions l’assaillaient jour et nuit, le menant doucement sur le chemin de la folie.

C’était un solitaire, brillant philosophe mais aux idées trop révolutionnaires pour l’époque. Dans une société encore ancrée dans la morale chrétienne, il prônait le déterminisme. Selon lui, l’homme n’a pas le choix : « Tout est fatalité, nécessité. On ne choisit rien ». Ce qui ne plaisait pas à ses contemporains puisque sans choix, le châtiment de Dieu devient ineptie. Nous ne pouvons pas être punis de ce pour quoi nous ne sommes pas fautifs. Néanmoins pour lui le déterminisme n’a rien de pessimiste. Le bonheur viendra de l’acceptation de son destin : Amor fati.

En fait cette BD est passionnante pour deux raisons. La première est que la vie de Nietzsche fut atypique et mouvementée. Maxilimien Le Roy a dû voyager en Allemagne, en Suisse et en Italie pour suivre ses pérégrinations, et lire ses oeuvres pour en tirer l’essence et nous restituer un personnage plausible, retranscrivant ses joies mais surtout ses phases de dépression. La seconde est que cet ouvrage nous donne accès aux idées de Nietzsche sans même avoir jamais rien lu de lui. Pour ma part je me suis rendue compte que mon opinion de cet homme, de la portée de ses écrits, était totalement faussée.

Ce qui m’a vraiment attristée c’est qu’il s’est senti seul toute sa vie, personne n’accordant d’intérêt à ses écrits. Et lorsqu’enfin il devint influent, il était déjà trop plongé dans la folie pour en être conscient.

Quant aux dessins de Maximilien Le Roy, encore une fois ce ne sont pas ceux vers lesquels je me pencherais des heures mais ils collent pafaitement au sujet. Les vignettes exprimant les frayeurs nocturnes de Nietzsche m’ont prise aux tripes.

Un auteur que je vais continuer de suivre, définitivement.

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Le Lombard, ISBN 978-2-80362-650-2, 126 pages, 20,50 €

12 réflexions au sujet de « « Nietzsche », de Maximilien Le Roy d’après Michel Onfray »

  1. Vraiment un beau projet que biographie en BD. J’avais peur que cela soit trop ardu pour vraiment m’intéresser mais si tu la qualifie de « passionnante », j’ai envie de te suivre les yeux fermés.

A vous les micros !