« Palimpseste », de Charles Stross

Comme je vous le disais il y a quelques jours, Palimpsteste nous a été présenté lors de la dernière session du club de lecture. Le nouveau participant pensait qu’il fallait parler de sa dernière lecture, alors qu’en réalité il faut présenter un livre qui nous a particulièrement plu pour le proposer en lecture commune. Mais c’était plutôt amusant de l’écouter dire qu’il n’avait pas du tout aimé ce livre auquel il n’avait rien compris. Seulement voilà, Palimpseste a tout de même obtenu le Prix Hugo 2010 dans la catégorie novella (forme de récit plus long qu’une nouvelle mais plus court qu’un roman). Ca m’a rendue curieuse…

Résumé : je restitue une partie de la quatrième de couverture qui résume parfaitement l’histoire. Drame écologique, guerre nucléaire, catastrophe naturelle… À plus ou moins long terme, toute civilisation est vouée à disparaître. Cela s’est d’ailleurs produit des millions de fois depuis la formation de notre planète. Pour préserver l’humanité de ces inévitables apocalypses, des agents venus d’un lointain futur voyagent tout au long de l’histoire de la Terre : à chaque fin du monde, ils sauvent ce qui peut l’être, et permettent ainsi à notre espèce de renaître de ses cendres. Mais toute intervention sur l’histoire a des conséquences, parfois tragiques…

Mon avis : J’étais prévenue, il faut s’accrocher pour tout bien comprendre, et j’ai tenu bon !

L’idée est celle-ci : une organisation, la Stase (toute ressemblance avec une police politique allemande n’est pas fortuite), veille à la survie de la planète et à la perpétuation de l’espèce humaine. Sur une échelle de temps qui dépasse l’imagination, des milliards d’années, ses agents contrôlent l’évolution humaine puis son réensemencement après chaque extinction. Le processus est chaque fois le même : état sauvage, phase mercantiliste, lumières puis technologie à outrance. Par le biais de portes temporelles, les agents interviennent dans les temps passés et futurs, et parfois réécrivent l’histoire : ce sont des palimpsestes. Un palimpseste à l’origine est un parchemin qui a été gratté pour qu’on puisse réécrire dessus.

Au milieu de tout ça il y a Pierce, un agent-stagiaire qui doit subir un long entraînement avant d’être réellement officialisé. Première épeuve : écrire sa Non-Histoire en tuant son grand-père à peine âgé d’une vingtaine d’années, afin de prouver qu’il est prêt à se donner corps et âme à la Stase. Ensuite diverses missions l’attendent, dans la peau d’un soldat à une occasion, poivrot à une autre. Les missions sont longues car il y a toute une phase d’intrégration. Mais les agents sont généralement envoyés dans une époque proche de celle dans laquelle ils sont nés pour ne pas être complètement à la marge. Les membres de la Stase ont un pouvoir hors du commun, notamment celui de vivre des années et des années sans que le temps n’ait de prise sur eux, et en guérissant de leurs blessures en un temps record.

Après toute une phase de mise en condition, pour que le lecteur se sente à l’aise dans cet univers, l’histoire prend un nouveau tournant. Il ne s’agit plus simplement de nous plonger dans un univers uchronique. Pierce est confronté à un palimpseste dans lequel sa vie telle qu’il l’a laissée avant de franchir une porte temporelle a été effacée. Et en essayant de retrouver le point de départ du changement il va se retrouver mêlé à un immense complot dans lequel il tient un rôle inattendu.

Je ne vous ai pas encore perdu, ça va ? 🙂 Parce que le plus dur est à venir ^^ En réalité ce qui est assez compliqué dans cette novella ce sont les nombreuses explications scientifiques. Personnellement, si ce n’est pas Jamy qui m’explique tout ça avec ses belles maquettes, je ne comprends pas. Et dans ce récit, je n’ai pas tout saisi : les histoires de nécrosoleil, de supernovas, de je ne sais trop quoi, ça m’est un peu passé au-dessus. MAIS Charles Stross, après nous avoir embrouillé la tête de données scientifiques, aborde les implications pragmatiques de ces théories grâce aux exemples donnés par les personnages. Donc même si la dimension théorique nous échappe, on peut se raccrocher à l’histoire pour comprendre en quoi cela est si important. Le seul élément que j’ai eu du mal à appréhender est l’appréciation des années subjectives par rapport aux années objectives. Mais c’est un détail.

Pour résumer, j’ai beaucoup aimé me plonger dans cet univers bourré d’imagination. Je ne suis pas franchement fan de SF donc je ne dirais pas qu’il faut aimer la SF pour apprécier cette novella. Je l’ai trouvée extrêmement bien écrite et construite, j’ai beaucoup aimé l’imaginaire dans lequel nous a entraîné l’auteur, et je regrette simplement que l’histoire ne soit pas plus longue. Je serais enchantée que Charles Stross reprenne l’idée pour un roman, il y a vraiment de quoi faire une histoire fouillée et passionnante !

J’ai Lu Nouveaux Millénaires, ISBN 978-2-290-03572-6, 159 pages, 11 €

 

6 réflexions au sujet de « « Palimpseste », de Charles Stross »

  1. Ah ah ! C’est un mot que j’avais rencontré en préparant les concours de biblio et il m’avait tapé dans l’oeil 🙂
    Bonnes lectures à toi aussi !

  2. Le mot palimpseste a aussi été popularisé par un bouquin de théorie littéraire assez connu (et qui a terrorisé des générations d’étudiants de lettres et d’apprentis profs).

    Je n’ai pas trouvé que ce n’était pas assez long, tout s’enchaîne, il n’y a pas de temps mort (sans mauvais jeu de mots, ahah), ça va droit au but: ça me convenait parfaitement. Evidemment, il y avait moyen de développer beaucoup plus, je ne le nie pas, mais au moins ici, on reste concentré sur les distorsions temporelles cheloues. 🙂

    Bref, un livre intéressant au panorama vaste, auquel on se plaît à repenser après la lecture.

    PS: je suis content que tu aies réussi à l’encaisser!

  3. Je reste quand même sur ma faim, j’aurais bien aimé explorer plus de séquences temporelles, mieux percevoir comment l’agent devait s’adapter dans les diverses civilisations et comment les missions s’opéraient sur le terrain. Mais c’est vrai que même sans ça c’est déjà un très bon livre 🙂

    PS : ^^

  4. C’est peut-être aussi parce que c’est un thème classique de la SF et l’auteur n’a pas voulu en faire des tonnes?

    On pourrait citer « la Patrouille du Temps » de Poul Anderson (recueil de nouvelles).
    Et on peut aussi considérer que Palimpseste est en soi un palimpseste de « La Fin de l’Eternité » de Isaac Asimov (certains éléments de l’intrigue sont très proches)!

A vous les micros !