« Echine » de Philippe Djian

La quarantaine bien avancée, Dan est entré dans cette phase de la vie où on fait avec ce qu’on a et tant pis pour les rêves. Il a autrefois connu la gloire en tant qu’écrivain, eu une famille traditionnelle avec femme et enfant. Mais tout cela est maintenant derrière lui. Il n’écrit plus de grand roman mais des scénarii pour des séries télé bas de gamme. Plus de femme. Plus de gloire. Mais par bonheur, il a encore son fils, un ado amoureux qu’il essaie d’aider maladroitement mais tendrement.

Ce roman paru il y a trente ans n’a pas pris une ride. On y retrouve les errements d’un homme qui a laissé sa jeunesse derrière lui. Il n’y a pas de nostalgie, mais une douce résignation. Ce qui était n’est plus, maintenant il faut continuer le chemin sans se prendre la tête, sans se créer de complications. Il ne s’épanouit pas professionnellement ? Tant pis, tant qu’il peut payer les factures. On attend de lui un nouveau roman ? Il n’en a pas envie, ni besoin, et n’a pas l’intention de se forcer.

C’est sentimentalement que sa vie est plus compliquée. Il est attiré par Sarah, la femme de son meilleur ami décédé dans un accident. Ils sont amis de longue date et jouent avec le feu, mais ne se sont encore jamais brûlés, malgré les nombreuses occasions et tentations. Mais c’est avec Elsie, une chanteuse, qu’il couche. Et ne fait guère plus à vrai dire. Elle est jeune, fougueuse, cela durera le temps que ça durera mais tant qu’elle est partante, il ne boude pas son plaisir.

Dan est un personnage très attachant au bout du compte. Le genre de type qu’on aimerait avoir pour ami et inviter à passer boire un verre assis dans un transat à regarder les étoiles et à discuter de tout et de rien. Sous ses airs désabusés il a du coeur et une sensibilité aigüe. Son voisin a trouvé en lui une épaule attentive pour pleurer ses déboires conjugaux. 

Grâce à son écriture aiguisée et sa capacité à donner une formidable épaisseur à ses personnages, Philippe Djian délivre un roman profondément tendre et émouvant, tout en gardant un ton corrosif et désabusé qui sied si bien à Dan. Quelle bonne idée des éditions J’ai Lu d’avoir réédité ce roman, qui plus est avec une si jolie couverture ! Je me suis régalée. 

J’ai Lu, 2020, 978-2-290-23016-9, 448 pages, 8.20€

Chronique rédigée pour Les Chroniques de l’Imaginaire

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