
Avec Plop, l’auteur argentin Rafael Pinedo plonge le lecteur dans un monde post-apocalyptique sombre et éprouvant. Son héros, c’est Plop. C’est le bruit qu’a entendu la vieille femme qui l’a vu tomber de l’entrejambe de sa mère, alors qu’elle lui donnait naissance en marchant. Son premier contact avec le monde aura été ce bruit, la boue dans laquelle il a atterri, la pluie, les gravats.
Ce court roman décrit le destin de Plop, qui comme d’autres enfants aurait pu mourir, ou se faire tuer pour être mangé. Mais protégé par la vieille femme, il survit. L’univers du roman est visuellement noir et glauque. Il pleut en permanence, tout n’est que pourriture et désolation. Les groupes survivent chacun de leur côté, chacun avec leurs règles. La vie n’est que violence. On ne peut rien faire pousser, on chasse ce qu’on peut. On sacrifie les plus faibles pour survivre. On ne fait pas l’amour, on s’utilise. C’est un monde d’une tristesse désespérante.
Il y a aussi ce tabou étrange, propre au groupe de Plop : Il ne faut pas voir ce qu’il y a dans la bouche. On communique sans l’ouvrir, on mange la bouche fermée. Interdiction d’utiliser sa bouche pour les actes sexuels, ce qui entraînera des épisodes cocasses qui pourront (enfin) faire sourire.
Plop suit le mouvement, puis s’en dissocie, petit à petit. Il s’élève dans la hiérarchie, prend de l’importance. Jusqu’à ce que…
Plop fait partie de ces romans courts qui marquent les esprits. C’est d’une noirceur et d’une sauvagerie absolues. Le lecteur est plongé dans la boue jusqu’aux genoux, englué dans ce récit immersif qui donne envie de tourner les pages malgré l’atmosphère malsaine. L’écriture enlevée sert un imaginaire très intéressant et intriguant, qui ravira les amateurs du genre.
Prix Casa America 2002
Folio SF, 2019, 978-2-07-280217-1, 176 pages, 6.20€
Chronique rédigée pour Les Chroniques de l’Imaginaire
Je le note aussitôt ! J’ai très envie de le lire !
(Voilà, il est commandé chez mon libraire.)