« Poussière et sueur », de Liu Xinwu

Lao He est jardinier pour un un parc municipal de Pékin. Il travaille avec ses collègues, et vit aussi avec eux dans un foyer mis à disposition par la ville. Poussière et sueur est le récit d’une de ses journées, depuis le lever du jour jusqu’au crépuscule. Mais il s’agit d’un dimanche, journée de repos, et dans la journée vont se succéder divers épisodes venant égayer ou au contraire inquiéter l’âme de Lao He.

Les évènements de la journée vont commencer avec  une visite du gendre, pour de mauvaises nouvelles, puis suivra celle de sa fille et de son mari, qui vont lui changer les idées. Mais cela n’empêchera pas Lao He de partir dans ses pensées et de nous raconter son histoire par bribes. Nous apprendrons ainsi à le connaître à travers l’histoire de sa famille, et aussi à travers l’histoire du pays. Seront évoqués les famines de la fin des années 1960, lorsque le peuple mourait tellement de faim dans certaines régions qu’il en venait à manger ses morts ; les paysans qui doivent venir à la ville pour pouvoir travailler et envoyer de l’argent à leur famille. Ce récit d’une journée se passe donc en deux temps : le présent est interrompu par les souvenirs du passé.

A côté de Lao He nous suivons aussi ses collègues, aux caractères et aux histoires très différents. Cette petite communauté forme un ensemble hétérogène, qui a toutefois en commun d’être d’une moyenne d’âge de quinquagénaire et de venir de la campagne. Ils incarnent l’entre-deux : la campagne, la tradition, la nature de par leur métier, face à la ville, la modernité, la consommation… Ce court roman est une peinture touchante de la société chinoise en mutation, dont l’écriture imagée, au rythme lent et posé, rend la lecture d’autant plus agréable.

Chronique réalisée pour Les Chroniques de l’Imaginaire

♣ En commençant ma lecture j’ai trouvé en page de garde un dessin de l’auteur. Trouver une dédicace quand on ne s’y attend absolument pas, ça fait vraiment très plaisir !!! 🙂

Folio, 2012, ISBN 978-2-07-044801-2, 122 pages, 5,30 €

18 réflexions au sujet de « « Poussière et sueur », de Liu Xinwu »

  1. Bonjour,
    En recherchant des « infos » sur Liu Xinwu et son « Poussière et sueur » que j’aimerais présenter la semaine prochaine pour la dernière session de la saison du cercle de lecteurs dont je fais partie, j’ai découvert votre blog et je suis tombé sous le charme (et ce n’est rien de le dire). Je me permettrai de vous citer (en donnant les références de votre blog) : « le présent interrompu par le passé ».
    Bruno : un nouveau lecteur assidu

    1. Bonjour Bruno,
      Que dire ? A l’heure où je trouve moins le temps de lire qu’avant et où j’ai moins de temps à consacrer à mon blog, voire même l’envie, votre message me fait particulièrement du bien.
      Je suis heureuse que le hasard vous ait guidé jusque dans mon jardin et vous remercie chaleureusement de la trace que vous y avez laissé.
      J’ose vous dire à bientôt 🙂

  2. Retrouvez très vite l’envie !! Le temps, hélas, est horrible et impitoyable. Pensez à votre pile de livres près de votre lit, par terre (et non pas sur la table de nuit) : Proust, Hemingway, Baudelaire ou tout autre. Que l’on peut lire et relire entre 3 ou 4 hres du matin quand le sommeil fait des siennes.
    Bruno
    P.S : Je lis depuis quelques heures différents billets de votre blog et je me sens très proche de vos coups de coeurs

A vous les micros !