Ouvrage reçu dans le cadre de l’opération Masse Critique de Babelio, j’étais ravie d’avoir l’occasion de me plonger dans ce roman plein de promesses.
L’histoire se passe dans la France du 18è siècle. Nous suivons Jean-Marie, un orphelin très vite placé sous la protection du souverain grâce à ses ascendances nobles. Il rencontre jeune les trois amis qu’il gardera plus ou moins près de lui tout au long de sa vie : Charles, Emile et Jérôme. Jean-Marie va côtoyer la noblesse dont il est issue, s’y intégrer par le mariage, par son éducation. Et en parallèle, il se passionne pour les saveurs. Cela a commencé lorsqu’il était enfant et la quatrième de couverture précise qu’il « cherche le goût parfait, absolu ».
Cela vous évoque-t-il quelque chose ? « Ce roman est le digne héritier du Parfum de Süskind » (Times Literary Supplement). Oui, voilà : cela rappelle le Parfum. Ce roman qui emplit nos narines d’un tas d’odeurs, la plupart plus agréables les unes que les autres. Un roman qu’on a l’impression d’avoir respiré davantage que lu. Voilà ce à quoi je m’attendais en ouvrant ce roman. Un roman qui cette fois émoustillerait mes papilles. Sauf que j’avais oublié un détail : c’est un Anglais qui a écrit ce roman. Et nous avons une vision de la gastronomie toute différente. Ici, point de viande juteuse, de sauce savoureuse ou de champagne pétillant. Non, Jean-Marie préfère les scarabées, les rats, les langues de flamant rose, tout cela cuisiné avec des aromates qui ne s’accordent pas très bien entre eux. Rien ne fait saliver. D’autant que Jean-Marie adore goûter les orifices des femmes, ou recueillir une goutte de lait perlant de leur téton, pour deviner ce qu’elles ont mangé dernièrement. Je vous avoue que connaître le goût que recèle l’intérieur des cuisses de Virginie ou de Manon ne me donne pas l’impression que Jean-Marie cherche le goût parfait, absolu.
D’ailleurs, même si Le dernier banquet parle un peu de cuisine, ce n’est pas du tout l’essentiel du roman. Il s’agit plutôt de la place que Jean-Marie a su acquérir au cours des années. De ce point de vue là, le récit est plaisant, même si le contexte historique est trop peu exploité pour qu’on se passionne pour l’histoire. Jonathan Grimwood semblait plus attiré par le droit de cuissage et autres parties de jambe en l’air que par l’intérêt historique de l’époque.
Parce que question sexe, on est servi. Et je te prends comme ci, et je te prends comme ça, et je te brûle à la bougie, et je te fouette, et je vais chercher le secret de fabrication du condom… Bon, il y a aussi de l’amour, ne soyons pas médisants. Mais il y a surtout du sexe.
Au final, comme vous l’aurez sûrement pressenti : je n’ai pas aimé. Parce qu’il y a tromperie sur la marchandise en premier lieu et que je pardonne difficilement qu’on se moque de moi. Jean-Marie n’a qu’une obsession : l’art culinaire qu’il veut porter à son paroxysme. L’art culinaire qui réside dans du « coeur de loup au vinaigre » ou le goût de chocolat dans l’anus de je ne sais plus qui, pardonnez-moi mais j’ai comme un doute, et pourtant je suis très ouverte d’esprit en cuisine.
« Ce roman historique est un chef-d’oeuvre », dixit The Times. J’espère que le rédacteur de l’article a cédé à la tentation coutumière de galvauder la notion de chef-d’oeuvre, parce que s’il le pense vraiment, il faudra songer à refaire son éducation littéraire. Ou serait-ce tout simplement parce que, oh tiens !, Jonathan Grimwood est journaliste pour le Times ?
Merci aux Editions Terra Nova et à Babelio pour ce partenariat.
TerraNova, sept 2014, ISBN 978-2-8246-0504-3, 335 pages, 20€
Et comme quoi il en faut pour tous les goûts (quel jeu de mots!), je vous laisse l’avis de Gérard Collard, avec qui je ne me risquerais pas à dîner.
Dommage qu’il y ait tromperie sur la marchandise, c’était prometteur. ! Je ne note pas du coup
J’étais très emballée par le résumé ! Mais le roman n’est pas à la hauteur de mes attentes, c’est bien dommage.
En voilà un qui ne franchira pas les étagères de ma bibliothèque. J’espère que ta prochaine lecture te plaise davantage.
Je l’espère aussi ! 🙂
Merci pour le rire… ton billet est top. J’avais zieuté ce roman pour le thème et sa couverture que je trouve réussie… Bon, ben… je vais passer !!!
Question enrobage, c’est réussi en effet : belle couverture, beau résumé, citations de critiques qui donnent envie d’en savoir plus. Mais à l’intérieur…
Tu fais bien de passer ton chemin 😉
Aïe ! J’y ai cru pendant tes deux premières phrases, « digne héritier du Parfum » (que j’avais adoré), etc. Finalement je n’y mettrais pas mon nez non plus.
Hi hi ^^ Il y a mieux où fourrer son nez, je suis bien d’accord avec toi !
Je dois dire que tu n’as pas aiguisé mon appétit avec un tel billet ! 😉
Bien dit Noukette 😆
Oh ça ne me tente pas du tout tout ça !
Tant mieux, c’était le but ^^
ok… passons dans ce cas 🙂 (j’ai beaucoup ri en te lisant par contre ;))
C’est au moins ça de pris ^^
Ahah je ne me risquerais pas à dîner avec Collard non plus….
Bon week-end, Somaja.
Il a des goûts culinaires douteux ! Ou alors il n’a pas lu le livre, et franchement, je penche pour cette explication.
Chacun ses goûts! Je passe!
Passe, passe, je t’en supplie !
J’avoue que tu sais merveilleusement ne pas donner envie de lire ce livre 😀
Tant mieux, je ne veux surtout pas que quiconque perde son temps avec ce roman…
Il m’intéressait jusqu’à ce que tu dises les choses telles qu’elles sont. Merci de l’avoir fait, je vais passer mon chemin…