« Agent 6 », de Tom Rob Smith

71rmk8ARslL._SL1500_Leo Demidov travaille pour les services secrets soviétiques. Il est agent du KGB, et son rôle est de traquer les traîtres, les faire parler, quitte à employer la torture, ce qui est plutôt monnaie courante. Nous faisons sa connaissance en 1950, en pleine guerre froide. A l’époque, il doit veiller sur Jesse Austin, un chanteur noir-américain convaincu que le système communiste est la bonne solution pour une société égalitaire et juste. Mais cette prise de position n’a pas été du goût des autorités américaines, qui ont fait en sorte que l’aimé et talentueux Jesse Austin sombre dans la misère et l’oubli.

Quelques années plus tard, en 1965, la femme de Leo a l’autorisation de partir à New York avec leurs filles pour un concert unique et exceptionnel. Mais Elena, leur fille, commettra une erreur irréparable. Aveuglée par l’amour et l’idéalisme, elle tentera de sortir Jesse Austin de son mutisme, ce qui s’avèrera fatal pour l’ex-chanteur et la mère d’Elena. La femme de Léo.

Cet épisode est raconté en première partie du roman, et pose les bases de la suite de l’intrigue, qui se déroule en 1973. Leo vit désormais en Afghanistan, où il aide les soviétiques à maintenir l’ordre dans le pays qu’ils occupent. Il n’a pourtant qu’un seul objectif : connaître la vérité sur la mort de sa femme.

Les évènements qui se déroulent en 1973 sont déroutants, non pour eux-même, car les faits relatés sont crédibles et intéressants, mais parce qu’ils sont complètement coupés du récit initial. Dans cette partie, Leo travaille avec Nara, une stagiaire afghane, complètement aveuglée par sa foi en la doctrine communiste. Un incident va les conduire à quitter le pays et trahir l’URSS.

Ce roman est au final assez bancal. Deux parties détachées l’une de l’autre ne sont reliées que par l’objectif de Leo de retrouver le meurtrier de sa femme. Les évènements relatés en premier lieu sont passionnants, et transposent bien la réalité de l’époque, à savoir la propagande communiste, la misère des populations, les antagonismes entre les deux puissances… Mais passer aussi rapidement en Afghanistan avec un lieu, un contexte, des personnages différents est troublant, il faut le temps de s’habituer à cette nouvelle histoire.

Ce que nous attendons après ces deux parties, c’est la fin, qui fera la jonction entre les deux époques. Mais elle est assez décevante au regard de l’attente de Leo pour connaître la vérité, une attente de huit ans.

Pour autant, c’est un roman plaisant à lire, car bien rythmé, bien écrit, et intéressant pour comprendre, même superficiellement, le contexte de la guerre froide, notamment en Afghanistan.

Chronique rédigée pour Les Chroniques de l’Imaginaire.

Belfond Noir, 2013, ISBN 978-2-7144-5182-8, 519 pages, 22,50€

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13 réflexions au sujet de « « Agent 6 », de Tom Rob Smith »

  1. Mon premier livre d’espionnage ! et j’avais bien aimé. C’est vrai que la fin est rapide. Trop. Mais peut-être qu’une suite est prévue !

    1. Oui, je me souviens que tu l’avais lu aussi 🙂 J’ai bien aimé mais j’aurais préféré une fin plus spectaculaire, et comme j’ai accroché à la première partie, j’ai eu du mal à me plonger dans celle en Afghanistan.

  2. Du même auteur, j’ai Enfant 44 dans ma PAL depuis des lustres, il faudrait que je l’en sorte d’ailleurs mais je t’avoue que celui-ci ne me tente pas trop…

    1. Je viens de lire le résumé de Enfant 44, mais comme j’ai lu la suite je ne vais pas m’attarder dessus. C’est étrange de lire un roman en sachant déjà ce qu’il s’est passé après. J’espère que tu apprécieras ta lecture 🙂

  3. Pas trop tentée sur ce coup là, j’en ai lu plein à une époque sur la Guerre Froide, il faut savoir s’arrêter ! 😆 Ma LAL te remercie !!!^^ (ça y est j’ai tapé mon billet pour demain, on est sauvées^^)…

    1. J’ai été conquise par le début du roman, mais je n’ai pas accroché à la deuxième partie. Pourtant je suis d’accord, cela reste un roman plaisant à lire.

A vous les micros !