« Les couloirs aériens » d’Etienne Davodeau, Joub & Christophe Hermenier

Pour présenter cet album, commençons par le commencement : « les trois auteurs du livre que vous tenez entre vos mains se connaissent depuis longtemps ». Ces trois copains se sont connus alors qu’ils n’avaient pas encore vingt ans. Le temps de la jeunesse, de l’insouciance, du sentiment de croquer la vie. Le regard porté sur les quinquagénaires, déjà finis. Et puis ils ont eux-mêmes atteint cet âge pas si vieux en fin de compte, avec devant eux un avenir plein de promesses encore, et derrière un parcours qui permet d’en tirer un récit. Ce qui a abouti aux Couloirs aériens.

Ces couloirs aériens sont la métaphore d’une vie rangée, sans heurts. Une routine où chaque jour n’apporte que de l’attendu. C’est ce qu’a l’impression de vivre Yvan, une vie qui ne lui apporte plus de surprises. Il a le blues du quinquagénaire. Il faut dire qu’en ce moment, ce n’est pas la joie. Il a perdu son père et sa mère, doit vendre leur appartement, aux côtés de son frère avec qui il est en froid. Pour garder des souvenirs, il a pris en photo des objets qui leur appartenaient et qui nous sont présentés dans des double-pages de 24 vignettes. Il n’a plus de boulot alors que sa femme est débordée, toujours en voyage à l’autre bout du monde. Ils ne se voient que rarement. Son fils est parti travailler au Canada et sa fille est très prise par son travail dans une association. Ses amis restent ses amis, mais chacun a sa vie de son côté maintenant.

Pour se changer les idées, il s’est installé pour quelques temps chez ses amis Thierry et Sandra, dans le Jura. La montagne, la neige, c’est dépaysant. Mais la solitude le gagne. Thierry et Sandra sont occupés par leur entreprise, et avec la neige qui bloque les accès il ne voit pas grand monde. Jusqu’à a ce qu’ils lui présentent une de leurs copines, avec qui sympathisera très très vite.

Récapitulons. Yvan a perdu son travail et ses parents et oui ce sont des épreuves difficiles. Cependant. Il a deux enfants qu’il ne voit pas beaucoup mais qui ont réussi leur vie professionnelle et sont heureux. Il a des amis qu’il ne voit pas beaucoup mais qui lui sont fidèles. Il a une femme qu’il aime et qui l’aime en retour, même s’il est difficile pour eux de ne pas se voir. Il est en bonne santé alors que Sandra a affronté un cancer avec Thierry sans en parler à personne.

Yvan est un pessimiste triste ; pas le bougon qui voit toujours le mauvais côté des choses avec une portée comique (comme nos papis des Vieux fourneaux par exemple). Yvan n’est pas drôle ; il est ennuyeux.

Il faut attendre la toute dernière page pour qu’il comprenne qu’il est en vie et que ça le mette en joie. C’est peut-être ça la crise des cinquante ans, se gâcher la vie avec des non-problèmes (je pensais que c’était à 15 ans).

J’ai lu l’histoire sans déplaisir mais je suis restée de glace devant ce personnage que je n’ai pas réussi à comprendre et qui m’a agacée.

Futuropolis, 2019, ISBN 978-2-7548-2553-5, 108 pages, 19€

C’est Moka qui nous accueille cette semaine…

13 réflexions au sujet de « « Les couloirs aériens » d’Etienne Davodeau, Joub & Christophe Hermenier »

  1. Je crois que tu n’es pas la seule à avoir moins accroché à cet album de Davodeau… Il faudrait que je le lise pour me faire mon propre avis…!

  2. ça n’a pas été le coup de coeur espéré mais j’ai quand même bien aimé. Et je me demande si je ne vais pas finir avec le même état d’esprit qu’Yvan 🙂

  3. Je l’ai lu en début d’année, mais sans en faire de billet sur le blog, j’ai trouvé ça un peu lent et je n’ai pas accroché au personnage principal… Il faudrait que je retente un de ces jours peut-être…

A vous les micros !