« Constellation » de Adrien Bosc

Marcel Cerdan est mort dans un accident d’avion en 1949 alors qu’il rejoignait Edith Piaf aux Etats-Unis. Cela, je le savais. En revanche, je ne savais pas que l’avion dans lequel il est mort s’appelait le Constellation. Qu’il était surnommé l’avion des stars. Qu’une célèbre violoniste prodige, Ginette Neveu, y a également trouvé la mort à à peine 30 ans.

Je ne m’étais jamais interrogée sur le quand, le où, le comment, le pourquoi de cet accident.

C’est la raison pour laquelle Constellation d’Adrien Bosc m’avait aussi fortement interpellée lorsque j’ai découvert la rentrée littéraire de cette année. J’étais premièrement intéressée par la réalité historique de cet événement. J’avais étrangement envie de connaître les réponses aux questions ci-dessus que je ne m’étais finalement jamais vraiment posées.

Et puis le parti pris d’Adrien Bosc, de retracer la vie des passagers présents sur ce vol m’a rendue d’autant plus curieuse. Car après tout, il n’y avait pas que Marcel Cerdan. Eh oui, il y avait aussi cette virtuose qui avait une renommée incroyable. Qui aurait pu connaître un grand destin si cet avion n’avait pas chuté sur une île des Açores, ne laissant aucun survivant. Et il y avait aussi ces pilotes pour qui il ne s’agissait que d’un vol de plus, ces bergers basques en partance pour une vie meilleure, cette femme qui devait retrouver ses filles en rentrant aux Etats-Unis… Et ces autres encore.

Nous apprenons ainsi tout ce qui peut concerner l’accident, de près ou de loin. Cela va de la description de l’épave sur la colline, avec les membres éparpillés des corps difficilement identifiables, jusqu’à la vie intime d’un des passagers condensée en quelques paragraphes. Tout est mis à notre portée, du grand évènement au plus petit détail. Je pense notamment à la volute du violon de Ginette Neveu, dont l’histoire est racontée dans une mise en scène bouleversante, et surtout authentique !, en fin d’ouvrage.

J’ai beaucoup aimé ce roman. Même si j’ai parfois eu du mal avec la syntaxe : des phrases avec beaucoup de virgules là où il aurait mieux valu deux phrases ou une conjonction de coordination. Un problème de respiration. En revanche, j’ai beaucoup aimé le travail opéré autour de la recherche documentaire, qui est très bien rendu à travers un style remarquable et un vocabulaire enlevé. De ce côté là, rien à redire.

Constellation est un ouvrage qui mérite sa place dans les best-sellers de la rentrée et son Grand Prix du roman de l’Académie française. Intéressant et brillant. Émouvant aussi. Je vous le recommande.

Stock, 2014, ISBN 978-2-234-07731-7, 197 pages, 18€