« La conjuration des vengeurs », de Joëlle Savey, Cyrille Ternon et Catherine Moreau

 

Le capitaine Delano a fort à faire. Trois grands maîtres de la franc-maçonnerie ont déjà été tués, sans que les assassins n’aient laissé le moindre indice, si ce n’est un objet déposé près de chacune des victimes. Au sein de la loge, les frères ont demandé à un de leurs membres, l’historien Robert Anderson, de mener sa propre enquête afin de savoir qui en veut autant à l’organisation. Plutôt que de faire jeu à part, les deux hommes décident de travailler ensemble, d’autant que les connaissances ésotériques et relationnelles de Richard Anderson vont être d’une grande aide au capitaine. Les méthodes utilisées pour les meurtres, particulièrement macabres, font écho à des symboles et références ésotériques, que l’historien sera peut-être à même de déchiffrer.

Il s’agit donc d’un polar dans le milieu de la franc-maçonnerie, pour une immersion totale au coeur des loges et des arcanes secrètes. De ce côté c’est plutôt bien réussi, on sent bien le côté hermétique de l’organisation et dans le même temps nous en apprenons la structure aux côtés de Delano. Le polar en lui-même est très prenant. Les meurtres se succèdent, l’enquête s’oriente vers un mouvement d’extrême-droite, et les menaces se font pressantes à mesure que l’enquête progresse… Les personnages sont tous charismatiques, aussi bien par leurs caractères que par les postures que leur donne Cyrille Ternon. Le capitaine Delano correspond à l’image du flic, tenace, employant les méthodes à la dure si nécessaire. Ce qui est le plus surprenant dans cette BD c’est la masculinité qui suinte à chaque planche, de par la violence des mots et des actes (sans rien de choquant pour autant), le milieu de la franc-maçonnerie encore largement fermé aux femmes, et la très faible présence de personnages féminins même en dehors. Surprenant car c’est une femme, Joëlle Savey, qui est aux commandes de ce scénario très bien ficelé. Quant aux dessins, les traits sont nets, précis, on arrive sans peine à se figurer les scènes comme dans un film. Les couleurs sobres renforcent la portée réaliste des vignettes.

L’enquête progresse dans le deuxième tome, jusqu’à sa résolution (puisqu’il s’agit d’un diptyque).

J’ai beaucoup aimé pénétrer les arcanes de la franc-maçonnerie autour de ce scénario prenant et bien travaillé !

Chronique réalisée pour Les Chroniques de l’Imaginaire

Glénat, 2011 et 2012, 13,90 €

Retrouvez les autres billets BDs du jour chez Mango !