« L’enfant cachée » de Lizano, Dauvillier et Salsedo

C’est après avoir entendu parler de cette BD sur plusieurs blogs que j’ai eu envie de me l’acheter, alors que j’ai plus l’habitude d’emprunter. Les critiques étaient élogieuses, c’est un sujet qui m’est cher, je ne prenais pas grand risque.

Résumé : L’enfant cachée raconte l’histoire de Dounia. Alors qu’elle est grand-mère, sa petite fille l’entend pleurer dans le salon en pleine nuit et vient à son chevet. La petite lui dit que quand on a fait un cauchemar, il faut en parler. Et c’est là que Dounia va lui parler de son enfance à Paris, sous l’occupation.

Mon avis : COUP DE COEUR !!

Pour tout vous dire je sors à peine de cette lecture. J’aurais préféré me laisser le temps de m’en remettre mais à l’heure où j’écris,  la BD du mercredi, c’est demain, donc je n’ai pas trop le choix 😉

Alors voilà, ça commence avec la mise en abyme de l’histoire de Dounia enfant, racontée par elle-même adulte. Elle explique à sa petite-fille qu’elle allait à l’école avec sa copine, et avec un copain. Et puis un jour le copain n’était plus là, et quand sa mère a cousu sur son manteau une « étoile de shérif », il n’y avait plus de copine non plus. La maîtresse la met au fond de la classe, refuse qu’elle réponde aux questions de cours, plus personne ne veut jouer avec elle. Je ne vous le cache pas, à ce stade de ma lecture j’étais déjà en larmes. Rien ne me révolte tant que l’injustice.

Et puis vient la période de fuite. Les parents de Dounia ont réussi à la cacher avant d’être arrêtés, et c’est désormais auprès du couple voisin qu’elle vit. Il y a le faux nom, l’exil à la campagne, la protection bienveillante d’une fermière, ce qui ressemble à la vie dans la moyenne d’un enfant caché juif. Je dis dans la moyenne car pour avoir lu quantité de témoignages, c’était l’échappatoire la plus courante.

C’est justement ce qui fait la force de cette BD. Elle ne tente pas de nous livrer une histoire hors du commun, en exagérant les traits et en se baignant dans le pathos. C’est un témoignage comme tant d’autres, et cela suffit amplement. C’est tragique, d’une cruauté sans nom, j’en suis encore bouleversée, et la simplicité de cette histoire rend hommage à tous ces enfants qui ont dû oublier leur nom, leur culture, leur famille.

Le gros atout de cette BD est aussi qu’elle me semble accessible aux enfants. Les traits des dessins sont doux, arrondis, les couleurs sont attrayantes, et c’est un ouvrage qu’un enfant de dix ans lirait facilement je pense. Ou un jeune adolescent, je ne sais pas trop. Le message est dur, certes, mais il passera mieux avec ces jolis dessins que dans un documentaire Arte (fort bien faits, mais il faut s’accrocher). Il y a une bonne dose d’émotion et de tendresse qui adoucit cette histoire et met du baume au coeur. Malgré tout.

C’est vraiment un album à lire et à faire lire. Pas un jour où vous êtes de mauvaise humeur, pas un jour où vous avez terminé votre dernier paquet de mouchoirs, mais si vous le pouvez… lisez-le.

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Le Lombard, janvier 2012, ISBN 978-2-8036-2811-7, 78 pages, 16,45 €

16 réflexions au sujet de « « L’enfant cachée » de Lizano, Dauvillier et Salsedo »

  1. 8-10 ans, c’est ce que je pensais aussi. Je ne l’ai pas proposé à mon jeune lutin (6 ans) car le sujet me semble encore trop violent pour lui (à moins que ce ne soit moi qui soit réticence à aborder ces questions-là avec lui). Je préfère qu’il reste dans la rêverie bien qu’on ait déjà aborder des sujets plus sérieux.
    En tout cas, j’espère que cela te donne aussi envie de découvrir la biblio de Monsieur Dauvillier ; c’est un auteur que j’apprécie énormément.

    1. Merci de confirmer pour l’âge. Je n’ai pas d’enfants autour de moi donc j’ai du mal à juger. Si tu me conseilles d’aller piocher d’autres BDs scénarisées par Dauvillier, je te suis aveuglément 😉

  2. Encore une BD que je note, je ne dervrais pas tarder à retrouver le chemin de la médiathèque ! Le sujet n’est pas, euh… gai mais quand c’est bien présenté ça passe mieux ! Vile tentatrice que tu es ! 🙂

    1. Honnêtement c’est bien raconté, sans verser dans le pathos. Moi ça m’a mise en vrac mais c’est un sujet qui me met en vrac à chaque fois, ça ne compte pas ^^ J’espère que tu la trouveras à la médiathèque 🙂

  3. Pour l’âge, je dirais à partir de 9 ans (ou à partir du CM1 pour l’école). Je vais mettre dès septembre cet album entre les mains de 1200 élèves de CM2/6ème, j’ai hâte de voir comment il va être reçu par ce jeune lectorat^^

  4. Je partage pleinement tout ce que tu dis sur cet album. C’est vraiment un très bel ouvrage que toue bonne bibliothèque jeunesse devrait posséder.
    Un incontournable.

A vous les micros !