« La colère et l’envie » d’Alice Renard

Les parents d’Isor ne savent plus que penser. Leur fille est inaccessible. Elle ne parle pas, ne s’enthousiasme pas, ne peut pas aller à l’école. Les psys pensent que c’est seulement qu’elle ne veut pas, mais elle a des attitudes qui démontrent que c’est plus complexe que cela. C’est une humaine qui vit avec ses propres codes.

Les choses prennent une nouvelle tournure lorsque sa mère confie Isor au voisin pour quelques heures. Isor et lui deviennent très complices, si bien qu’elle s’installe chez lui et y passe le plus clair de son temps. Le septuagénaire tombe en amour devant cette ado, avec qui il adopte des moyens de communication nouveaux. Ils s’aiment ? Peut-être. Ils éprouvent l’un envers l’autre un attachement incommensurable.

C’est ce dont parle le livre, grâce à une narration croisée, les points de vue étant d’abord ceux du père, de la mère, puis de Lucien.

Qu’ai-je pensé du roman ? Alice Renard a une plume qui vaut le détour. C’est plein de charme, de poésie, de vérité.

Elle grandissait ? Elle grandissait sans mûrir alors. Il y avait bien une croissance, quelque chose qui sortait lentement, mais aucun fruit. Je me résignais à cette idée : Isor n’était pas un arbre fruitier. Elle monterait certes vers le ciel, nous ferait de nouvelles branches, mais qui ne fleuriraient jamais.

Qui suis-je, moi ? Pas celui que je devrais être ?… Oh, je serais un amoureux ? Pourquoi tout devient-il ridicule à nos âges, vicieux, interdit ? Ce qui est beau devient sale. Même l’or est maculé de boue. Si quatre-vingts ans est un âge naturel dans l’existence, pourquoi rien ne lui est-il adapté ? Aucun printemps n’est plus pour mois, et il ne faudrait pas voler ceux des autres…

En ce qui concerne l’histoire, je suis franchement passée à côté. Isor m’insupporte. Elle fait du mal à ses parents qui l’aiment de tout leur cœur en refusant de parler, de partager, en se dissimulant tout en faisant croire qu’elle est dans l’authenticité. Elle pourrait, mais elle n’a pas envie.

Elle préfère être affectueuse et amusante avec Lucien, qui est tout content d’avoir une petite chose qui brise sa solitude. Elle est si mignonne Isor, elle pose sa tête sur ses genoux et il la caresse. Je ne peux l’imaginer autrement que la langue pendante à haleter comme un petit chien. Je suis dure mais c’est véritablement l’impression que j’ai eue tout au long du roman, un vieux monsieur qui a la compagnie de son p’tit animal.

Autant j’ai beaucoup aimé la lumière de l’écriture d’Alice Renard, autant l’histoire ne m’a pas convaincue du tout.

Editions Héloïse d’Ormesson, 2023, ISBN 978-2-35087-896-6, 159 pages, 18€

Deuxième lecture pour le Prix Littéraire Les Promesses, organisé par les bibliothèques de Tours et la librairie tourangelle La boîte à livres.
1) Le gardien sans sommeil de Guillaume Huon

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A vous les micros !