« La désobéissance civile » de Henry David Thoreau

Dernier thème de la saison 4 pour le challenge Les Classiques c’est fantastique de Moka et Fanny.

Publié en 1849, ce texte majeur de la littérature contestataire sociale est encore aujourd’hui une référence incontournable.

Henry David Thoreau est né dans le Massachusetts où il a mené des études jusqu’à entrer à Harvard. Au terme de sa formation, il est devenu professeur et a démissionné au bout d’une semaine car il refusait de frapper les enfants. Il a ensuite ouvert une école privée avec son frère et vécu un temps dans une cabane au bord d’un lac. Sans être un contestataire révolutionnaire, il a toujours refusé de donner son allégeance à ce à quoi il n’adhérait pas.

Ainsi, étant contre l’esclavagisme, il a refusé de payer ses impôts en manifestant par cet acte sa désapprobation envers l’État. C’est une position telle que celle-ci qu’il défend dans La désobéissance civile. Selon lui, il est essentiel de rester droit dans ses bottes et de suivre les principes qui nous semblent justes.

Le citoyen doit-il un seul instant, dans quelque mesure que ce soit, abandonner sa conscience au législateur ? Pourquoi, alors, chacun aurait-il une conscience ? Je pense que nous devons d’abord être des hommes, des sujets ensuite. Le respect de la loi vient après celui du droit. La seule obligation que j’aie le droit d’adopter, c’est d’agir à tout moment selon ce qui me paraît juste.

La désobéissance civile est une protestation pacifique. Les idées justes doivent être portées et énoncées, incarnées, et si les voix de l’incarnation finissent entre les murs d’une prison, tant mieux. Ces murs enferment les corps mais les esprits et les idées en gagneront d’autant plus de force.

Le propos de ce livre est de remettre en cause un gouvernement qui agit au nom d’une minorité, pour son propre intérêt, en écrasant les volontés individuelles. Selon Thoreau, « Le meilleur gouvernement est celui qui ne gouverne pas du tout ». Le texte commence ainsi et se termine de la même manière, suggérant que nous sommes passés de la monarchie absolue à la monarchie constitutionnelle, puis à une démocratie, et qu’un jour viendra, nous passerons au stade suivant, celui où un gouvernement reconnaîtra la supériorité de l’individu sur la minorité dirigeante.

Il me plaît d’imaginer un État qui puisse se permettre d’être juste envers tous les hommes et qui traite l’individu avec respect comme un voisin ; qui ne jugerait pas sa propre quiétude menacée si quelques-uns s’installaient à l’écart, ne s’y mêlant pas, en refusant l’étreinte, sans pour autant s’abstenir de remplir tous les devoirs de bons voisins et de compatriotes.

N’est-ce pas ce qu’on appelle une utopie ? 😉

21 réflexions au sujet de « « La désobéissance civile » de Henry David Thoreau »

  1. Je l’ai lu le siècle dernier chez le même éditeur mais avec une couverture différente, ce texte m’a beaucoup marqué. Je me suis toujours promis de le relire. Ton billet fait remonter d’excellents souvenirs, je vais ressortir mon édition ! Merci !

  2. Je confesse n’avoir encore jamais lu Thoreau. Ce livre devrait être lu par tous au vu du contexte actuel… je crains cependant que la désobéissance civile n’existe plus…

  3. J’avais pensé à Thoreau pour le challenge, je ne sais pas si j’accrocherais et ne pas aimer me décevrait ^^

  4. Je n’ai encore jamais lu Thoreau, ou seulement des extraits et ta chronique me convainc encore un peu plus et justement, il est à la médiathèque, je le prends de suite 🙂

  5. Comme Violette, j’ai peur d’être un peu déçue par Thoreau alors que tout semble là pour qu’il me plaise. #bonjourmescontradictions . Merci pour ce choix et ta grande fidélité au RDV !

  6. J’ai essayé de lire un autre livre de lui mais j’ai vite abandonné…(mais je ne renonce pas à réessayer). Ce thème est formidable et le texte que tu proposes me plait particulièrement.

  7. Comme Fanny, j’ai essayé (pas plus tard que ce week-end) de lire un autre de ses textes (Walden). Je pensais le proposer pour la thématique Classiques de mai, mais j’ai jeté l’éponge, je n’ai pas réussi à me faire au style, et certains passages m’ont donné trop de fil à retordre… je sais toutefois qu’il a écrit des textes très courts, je réessaierai peut-être avec l’un d’entre eux.

A vous les micros !