« Tamara de Lempicka » de Virginie Greinier & Daphné Collignon

9782344008263-LJ’ai connu l’oeuvre de Tamara de Lempicka avec la couverture de La femme au miroir d’Eric-Emmanuel Schmitt. Je suis tombée sous le charme de ses formes proches du cubisme mais plus courbes, et de ses couleurs châtoyantes et élégantes.

C’est donc avec grand plaisir que j’ai découvert via notre rendez-vous BD de la semaine qu’il existait un album qui retraçait son parcours.

Tamara est née en Pologne en 1898 mais a vécu sa jeunesse à Saint Petersbourg. Issue d’une famille bourgeoise, elle se marie avec un comte polonais. Ils auront une fille. La révolution russe de 1917 les oblige à fuir et ils se réfugient en France, où Tamara va devenir une égérie des années folles.

9782344008263-P-1SCe qui saute aux yeux dans cet album, c’est que Tamara incarnel l’esprit des années 20. Elle est libre, fûme, boit, rentre à pas d’heures à la maison… Et sa sexualité n’est pas en reste. Homme ou femme, la question ne se pose pas. Si la personne lui plait, elle y va.
Elle dit pourtant aimer son mari, mais lui vit toujours dans le souvenir de sa vie en Russie et ne parvient pas à tourner la page, pas plus qu’il ne comprend que Tamara a besoin de vivre intensément et d’expérimenter pour sublimer son art.

Dans cet album, Tamara est en quête du modèle parfait pour l’oeuvre qu’elle a en tête. Elle cherche, aborde, tâte… ce qui lui permettra de créer le nu sublime qu’on trouve en fin d’ouvrage.
On apprend qu’elle se fait surtout une réputation en tant que portraitiste très recherchée dans les milieux aisés. C’est ce qui lui permet de nourrir sa famille, puisque son mari en est désormais incapable.

PlancheA_314408.jpgAi-je aimé cet album ? J’ai beaucoup apprécier connaître la vie de Tamara de Lempicka, développée sur des planches très belles, avec des tons noirs et bruns qui font penser aux vieux films. Et sur papier glacé le rendu est fabuleux.
Là où je reste sur ma faim, c’est que c’est une incursion dans la vie de l’artiste qui correspond à une époque précise. Le temps de la gloire, de sa vie avec son premier mari, la recherche du modèle Rafaëlla. J’aurais aimé une approche plus globale de sa vie. Pas forcément son enfance, mais du moins la déchéance. Car dans le dossier en fin d’ouvrage, on apprend qu’après les années 20 Tamara incarnait la frivolité et son style a rapidement été considéré comme passé de mode. Ce n’est que vers les années 80 que son art a retrouvé l’intérêt des institutions. Entretemps elle est partie aux Etats-Unis, au Mexique…

Je souligne le travail de Dimitri Joannidès sur ce dossier, qui nous raconte les grandes étapes de la vie de Tamara de façon succincte et efficace. Cela vient compléter ce qui me manquait dans la bande dessinée en elle-même.

Pour autant, je ne voudrais pas sous-estimer l’histoire proposée par Virginie Greinier et Daphné Collignon, qui est un parti pris honorable et joliment assumé. Cela donne une BD très belle, intéressante, qui met en avant Tamara de Lempicka en tant qu’artiste bien sûr mais surtout en tant que femme.

Glénat, 2017, ISBN 978-2-344-00826-3, 56 pages

 

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On se donne rendez-vous chez Stephie pour les autres BD de la semaine…

17 réflexions au sujet de « « Tamara de Lempicka » de Virginie Greinier & Daphné Collignon »

  1. J’adore aussi l’oeuvre de l’artiste, connue de la même façon que toi. Du coup, je vais m’intéresser à cet album, c’est certain, malgré tes bémols.

  2. Il me tente bien. Je l’avais déjà noté, mais il y a tant de tentations dans ces bd de la semaine, qu’il est difficile de tout lire !!!!

A vous les micros !