D’un côté il y a l’Ardèche, de l’autre la Drôme et au milieu coule le Rhône. Gosse habite sur les berges de la Drôme aux cotés de ses parents et de ses nombreux frères et sœurs. Ils mènent une vie de paysans, travaillent au champ, dînent de soupe et de pain. Un quotidien fait de labeur heureux et de jeux dans une époque du début du XXème siècle, lorsque l’automobile était encore une rareté dans le paysage.
Gosse aime arpenter la campagne avec son chien Floude et s’attarder sur les berges. De l’autre côté, il scrute les terres de l’Ardèche. Cette région voisine est l’objet de beaucoup de fantasmes et de ragots, de quoi ne pas donner envie à Gosse de traverser le fleuve. Mais la curiosité le pousse à monter sur une embarcation de fortune à la poursuite d’un ragondin, et à la faveur d’une crue, voilà le garçon emporté vers les rives ardéchoises ! Que va-t-il lui arriver ?
Arrivé en Ardèche, il rencontre Taigne, un garçon de son âge à l’aspect étrange car il est très poilu. Il est franc du collier, un peu rustre mais sympathique. Son père en revanche correspond davantage au portrait de ce que Gosse entendait : il est intimidant, taiseux et chapardeur, voire méchant. Il ose après tout demander à Taigne d’aller se vendre pour gagner un peu d’argent…
Le fleuve est entre eux mais c’est bien là la seule chose qui les sépare : Gosse et Taigne sont comme cul et chemise. Gosse lui trouve un abri, prend soin de lui, s’échine à lui fabriquer un moulin pour qu’il puisse avoir de la farine de châtaigne. Car Gosse est un inventeur. Il fourmille d’idées pour rendre le quotidien plus confortable et se passionne pour tout. Que ce soit les petits insectes mis à mal par la construction des routes pavées, le moteur de la voiture, le plan d’un pont ajustable pour faire passer les bateaux… Gosse est malin, ingénieux avec un grand cœur. Un gamin très attachant. Taigne l’est aussi à sa façon, parce que sous ses airs bourrus on voit que c’est un enfant en manque d’amour.
Gosse et les berges est un album qui fleure bon l’innocence de l’enfance et fait la part belle à cette soif de découvertes des enfants, avec leur imaginaire foisonnant et leur capacité à transformer le monde avec trois fois rien. Il balaie les préjugés des adultes et s’attarde sur l’altruisme, la bienveillance, la confiance et la camaraderie.
Le dessin atypique et quelque peu daté de Lucas Méthé demande, il est vrai, un temps d’adaptation. Les traits des personnages ne sont pas délicats mais rugueux et même étranges (le visage de Gosse est très particulier). Puis au fil de la lecture, on s’habitue et finalement, la forme rejoint le fond. C’est un album qui joue sur la nostalgie, aussi bien dans les planches que dans l’enfance qui est racontée.
Pas convaincue de prime abord, je termine ma lecture séduite par l’atmosphère qui se dégage de cet album et curieuse de connaître la suite des aventures de Gosse et de son copain Taigne.
Dupuis, 2023, ISBN 979-1-0347-6269-9, 128 pages, 19€

Ce petit côté rétro a du charme, je me laisserai sûrement tenter !
ça a l’air sympa comme tout !
Comme tu l’as si bien écrit, le graphisme rétro ne joue (d’abord) pas en faveur de l’album… Mais j’aime ce qui se dégage du tout, alors pourquoi pas!
j’aurais tendance à dire pas convaincue non plus au début, mais au final, pourquoi pas!
C’est amusant ces dessins « datés » comme tu dis.
Le côté « daté » ne m’attire pas vraiment non plus, alors si je trouve cet album, il ne sera pas dans mes priorités de lecture…