« Enfant de la nuit polaire » de Julia Nikitina

Prix Kazimir Malevitch de la meilleure bande dessinée en 2018

Julia Nikitina est née en 1988 à Salekhard, une petite ville du nord de la Russie, aux portes de la Sibérie. Elle a grandi auprès de sa mère, qui travaillait sur le port, dans un cadre climatique extrême qui, comme toutes les régions isolées et contrastées, laisse une empreinte forte et indélébile sur ses habitants. C’est là que sont ses racines, sur cette terre froide rythmée par les saisons et le flux de l’Ob, le grand fleuve qui se jette dans la mer de Kara.

A seize ans, il lui a fallu quitter Salekhard pour ses études. Elle est arrivée à Tioumen pour étudier le dessin. Tioumen, située au nord du Kazakhstan, n’est pas aussi connue que les autres grandes villes russes. Mais il s’agit bien d’une grande ville, avec beaucoup d’immeubles, de circulation, de gens. Le changement est brutal pour une jeune fille de seize ans, loin de sa mère et de sa maison, habituée à l’intimité et à la familiarité de sa petite ville de province

Cet album raconte le cheminement de l’autrice, qui est à la fois attirée par le monde et l’ailleurs mais qui porte en elle en permanence sa terre natale. Elle évoque ainsi son enfance, ses peurs, ses doutes et aussi ses élans pour vivre en osmose avec ce vers quoi elle doit tendre pour vivre pleinement sa vie personnelle et professionnelle. Accepter de partir sans oublier.

Cet album tout en noir et blanc dégage une profonde poésie et beaucoup de délicatesse. On ressent tout l’amour qu’elle porte à sa mère et à sa terre polaire isolée dans la toundra. La nostalgie plane sur les planches sans alourdir l’atmosphère. C’est une nostalgie qui fait du bien et allège au contraire, pour aller de l’avant et s’accomplir. Julia Nikitina parvient aussi à restituer pour le lecteur la vie quotidienne des habitants de Salekhard, avec cette nature omniprésente et le froid pénétrant jusqu’au sol de la cuisine sur lequel on ne peut pas poser le pied nu.

Enfant de la nuit polaire est un joli témoignage ancré dans la réalité de Julia Nikitina, qui nous porte aux frontières de l’onirisme par son imagerie. De quoi donner envie de découvrir ses autres créations.

La boîte à bulles, 2023, ISBN 978-2-84953-437-3, 154 pages, 18€

Chronique rédigée pour Les Chroniques de l’Imaginaire

On se retrouve chez Noukette cette semaine !
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