Née en 1973 en Nouvelle-Zélande, Mirranda Burton s’est tournée vers la bande dessinée après l’obtention d’un diplôme d’art en Australie et plusieurs années passées dans le domaine du cinéma d’animation, la création multimédia et l’illustration. Son premier album, Cachés, publié en France en 2013, a reçu en 2011 le Prix du meilleur roman graphique australien. Avec Underground, Mirranda Burton livre un nouvel album documentaire sur un sujet découvert par hasard, alors qu’elle passait deux années en résidence d’artiste dans la banlieue de Melbourne. C’est là qu’elle a entendu parler de la « loterie de la Mort » et de Jean Mc Lean, sa plus fervente opposante.
En 1965, les hommes ne se bousculent pas pour s’enrôler. On est en pleine guerre du Vietnam et l’Australie veut soutenir les forces américaines mais, parmi les Australiens, peu se sentent concernés. Pourquoi aller se battre ? Endiguer le communisme nécessite-t-il vraiment de mener des combats meurtriers et destructeurs pour les populations civiles ? Afin de pallier le manque de bras, le gouvernement organise une grande loterie qui tirera au sort les engagés.
En apprenant cela, Jean Mc Lean voit rouge et s’insurge. Sa voix s’entend à peine au départ mais son mouvement « Save our sons » prend de l’ampleur et, petit à petit, elle devient le chef de file d’une opposition au mode de recrutement et, de façon plus large, à la guerre du Vietnam. A travers son engagement et celui de ceux et celles qui la rejoignent ou sont à ses côtés dès le départ, Mirranda Burton livre une page de l’histoire méconnue de l’Australie.
Elle développe sur près de trois-cents pages la période des années 60-70 pendant laquelle des citoyens se sont opposés aux décisions gouvernementales dans un mouvement pacifiste. La non violence n’a évidemment pas empêché une répression agressive, valant à Jean Mc Lean et ses amies militantes un passage en prison.
Si Jean Mc Lean est l’incarnation du mouvement, d’autres personnages essentiels interviennent à différents niveaux dans ce roman graphique : il y a Mai Ho, qui a fui le Vietnam pour trouver refuge en Australie, ou encore Bill Cantwell, un ancien combattant qui a frôlé la mort en terre de Vietnam. Et puis il y a Hooper, le wombat, qui occupera un rôle cocasse dans la contestation à la loterie…
Tout cela est raconté avec des planches en noir et blanc, sobres mais expressives, dessinées au style et à l’encre. Il n’y a pas de parti pris artistique et, graphiquement, l’album se lit avec grande facilité. Tout comme le récit documentaire, qui loin d’être rébarbatif, est au contraire captivant et intelligemment construit.
Mirranda Burton signe ici un album historique très intéressant qui coche toutes les cases : beau, instructif et divertissant !
La Boîte à Bulles, 2023, 978-2-84953-438-0, 272 pages, 29€
Chronique rédigée pour Les Chroniques de l’Imaginaire
On se donne rendez-vous chez Moka cette semaine !
un côté historique qui m’intéresserait sûrement!
J’aime les BD instructives. C’est noté.
Ca doit être intéressant mais pas sure que ce soit pour moi
Ca m’intéresserait, je suis convaincue que j’apprendrai des trucs.
Je pense que cette BD m’intéresserait aussi. Les planches en noir et blanc me plaisent bien. Je note. 🙂
Merci pour cette découverte. Je suis curieuse de connaître le rôle du wombat dans cette histoire étonnante. Cette BD va donc devoir rejoindre ma PAL ;-D