Pour clore ma participation au mois africain de Jostein, j’ai choisi un titre sur lequel je suis tombée à la médiathèque. J’avais de quoi faire dans ma PAL (preuve en image) mais les couvertures des éditions Les Escales font bien leur travail, on a envie de découvrir l’histoire qui se cache derrière.
Je pars donc, après le Sénégal et le Rwanda, en Algérie avec ce roman d’Akli Tadjer.
Le roman démarre en Kabylie, en 1939. Adam construit avec amour la maison qu’il habitera avec Zina, la jeune femme qu’il aime. Il doit se dépêcher avant que le fils du caïd El Hachemi ne la demande en mariage, car il est bien meilleur parti qu’Adam et l’amour des tourtereaux ne fera pas le poids face à sa fortune. Mais Adam n’aura pas le temps de demander sa main : il est appelé pour faire la guerre en France.
La France, son soi-disant pays, sur lequel il n’a jamais posé le pied, qui traite les Algériens comme des « pas grand-chose ». Qui va placer ses enfants des colonies en première ligne pour servir de chair à canon. Une guerre reste une guerre ; pourtant, celle qui se présente est différente de celle de 14-18. Les deux camps ennemis n’osent s’affronter frontalement, bien qu’ils soient à portée de fusil. C’est la drôle de guerre. Le souvenir de la boucherie de 14-18 reste vivace pour l’armée, alors que politiquement ce qui va suivre avec Hitler est bien pire…
Ceci n’est que le début du roman. Adam va passer par diverses épreuves qui vont atteindre à sa dignité, comme on peut s’y attendre. Il aura l’occasion de voir la haine, le mépris, la concupiscence. Il y aura pourtant deux lueurs qui lui permettront de tenir le coup : Zina, qui lui donne la force de tenir et d’avancer au fil des mois. Et son professeur français qui a consacré sa vie aux élèves algériens et qui est retourné vivre à Paris pour sa retraite. Adam a son adresse, il fera tout son possible pour le retrouver.
Plusieurs aspects de cette histoire m’ont vivement intéressée, en premier lieu le sort réservé aux citoyens des colonies. J’ai notamment appris l’existence des fronstalag, des camps de prisonniers allemands sur le territoire occupé qui regroupaient pour certains les soldats des troupes coloniales. Les Allemands les tenaient à l’écart de peur des maladies exotiques. Il n’a pas été question de les exterminer d’après ce que je comprends du roman, certains d’ailleurs ont su tirer leur épingle du jeu en collaborant.
Un autre thème m’a interpellée, celui de la fraternité mise à mal lorsque la religion entre en jeu. Adam est parti d’Algérie avec Samuel et Tarik, tous deux destinés à hériter des charges de leur père : l’un rabbin, l’autre imam. Lorsque l’antisémitisme commence à se répandre de façon ostentatoire et honteuse dans le pays, l’amitié des deux algériens va se déliter.
Adam sent la colère monter en lui sans pour autant se laisser envahir par la haine. Ce qu’il ressent relève davantage de la stupeur et de l’incompréhension. Comment ce à quoi il assiste, ce qu’il doit subir peut être possible ? Malgré les épreuves, les humiliations et la peur, il tâchera de rester droit et de garder en tête qu’il doit survivre pour Zina.
Ce roman ne me marquera pas car il ne m’a pas assez engluée dans l’atmosphère de la guerre et de la vie en zone occupée telle que j’ai déjà pu la trouver ailleurs. Mais j’ai apprécié accompagner ce jeune homme algérien dans son périple, me donnant ainsi accès à de nouvelles informations quant à cette époque troublée et me permettant de l’aborder sous un angle inédit pour moi.
Les Escales, 2021, ISBN 978-2-36569-578-7, 331 pages, 19.90€
Ce que tu en dis laisse entrevoir de sujets interessants. Apparemment il manque quelque chose pour vraiment accrocher à cette histoire. Personnellement je ne suis pas fan des récits sur les guerres mondiales mais pourquoi pas. En tout cas, il reste de bons livres dans ta PAL pour l’année prochaine 😉 Merci de ta participation