« Dans les forêts de Sibérie » de Virgile Dureuil d’après le récit de Sylvain Tesson

J’aurais aimé trouvé un album adéquat pour le challenge Les classiques c’est fantastique de Moka et Fanny sur le thème du Voyage en mai. N’ayant rien sous la main, j’ai choisi de partir à l’aventure tout de même aux côtés de Sylvain Tesson, un auteur qui je l’espère deviendra un jour un classique.

Il s’agit de l’adaptation du récit éponyme, Prix Médicis 2011. Sylvain Tesson y raconte ses 6 mois dans une cabane au bord du lac Baïkal. Il faut être armé pour vivre une telle expérience. Là-bas, il n’y a pas de commerce. Pour ne pas avoir froid, il faut couper son bois. Pour manger, il faut avoir préparé des stocks et savoir pêcher. Pour boire, il faut percer la glace tous les jours et y puiser son eau. Pour trouver une âme à qui parler, il faut marcher des heures durant pour atteindre la prochaine habitation. Pas de village, des personnes isolées, météorologistes ou garde-chasses qui deviennent parfois à moitié fou face à la solitude.

La solitude… Voilà ce que Sylvain Tesson était venu chercher. Se retrouver face à lui-même pour déterminer s’il était aussi vide qu’il le craignait. Prendre le temps, car le temps se ramasse à la pelle dans ces contrées sauvages, là où ailleurs il est un bien précieux qui n’a de cesse de nous échapper.

Ses journées sont occupées à assurer son confort modeste (ne pas avoir froid et se nourrir) et à faire de longues balades. Son séjour commence au cœur de l’hiver, quand la nature est engourdie, que les ours hibernent encore et qu’il peut arpenter les alentours sans craindre une mauvaise rencontre. Les planches de Virgile Dureuil rendent compte de l’immensité blanche qui l’entoure, de la taïga qui s’arrête à mi montagne pour faire place à la roche. Le lac aux eaux gelées, dans lesquelles des bulles d’air sont emprisonnées.

L’aventure de Sylvain Tesson va plus loin, car c’est un homme curieux du monde et des gens. La boisson aidant (il faut bien se réchauffer), il rend visite à l’occasion à ses voisins, ce qui nous permet de mieux comprendre qui sont ces gens et l’histoire de ce territoire. Voyager est bien plus qu’une histoire de géographie. C’est aller à la rencontre de l’autre et s’intéresser à lui.

Pour pallier la solitude, l’auteur a prévu des cartons de livres qui lui tiendront compagnie à toute heure du jour et de la nuit. On n’est jamais seul quand on a des livres avec soi, n’est-ce pas ?

Je suis sortie de cette lecture groggy, enivrée de ces paysages désertiques, de ce sentiment de liberté intense, de cette communion avec la nature si apaisante. Je n’ai pas lu le roman, qui est pourtant à la maison et je meurs d’envie de me plonger dedans très vite. Car en plus d’être un récit extraordinaire, la plume de Sylvain Tesson, reprise dans l’album, est particulièrement belle et poétique, pleine d’esprit.

De mon duvet, j’entends crépiter le bois. Rien ne vaut la solitude.
Pour être parfaitement heureux, il me manque quelqu’un à qui l’expliquer.

Un voyage que je ne peux que vous recommander, ainsi que la lecture et l’écoute de Sylvain Tesson. Bravo à Virgile Dureuil pour cette superbe adaptation !

J’appose les logos du challenge en clin d’œil même si je ne suis pas tout à fait dans le sujet 😉

Casterman, 2019, ISBN 978-2-203-19882-1, 110 pages, 18€

On se donne rdv chez Moka pour découvrir les autres BD de la semaine !

13 réflexions au sujet de « « Dans les forêts de Sibérie » de Virgile Dureuil d’après le récit de Sylvain Tesson »

  1. J’avais vu l’adaptation cinématographique qui m’avait enthousiasmée moi l’amoureuse de la nature, des grands espaces, de la vie isolée… J’ai mis Sylvain Tesson dans ma liste d’envies car j’avais beaucoup aimé Les chemins noirs et sa philosophie 😉

  2. Je n’ai jamais lu Sylvain Tesson, je commencerais peut-être par un de ses récits du coup mais cette adaptation a l’air très réussie !

  3. Je n’ai jamais lu Tesson mais si l’adaptation reprend son texte, pourquoi ne pas commencer par cette bd ?

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