« Les contes de la rue Broca » de Pierre Gripari

Ce mois de décembre nous nous réunissons autour des contes pour le challenge de Moka et Fanny Les classiques c’est fantastique. Moka nous gratifie encore une fois d’un très joli logo, une raison motivante en soi pour honorer le challenge tous les mois.

Comme vous ne le savez peut-être pas, ma PAL est gigantesque et truffée de classiques. C’est pourquoi pour ce rendez-vous mensuel je n’acquiers aucun ouvrage et je cherche dans cette PAL aux allures de puits sans fond de quoi alimenter ma participation. Pour les contes, je pouvais aller du côté de Maupassant, mais ses contes sont souvent cruels et en cette période d’Avent, ce n’est pas ce dont j’avais envie. Je pouvais aussi m’atteler à mon recueil (en trois tomes…) des contes de Grimm, ou à celui des contes d’Andersen. Mais ce n’est pas là qu’on trouve le plus de joie non plus. Le plus à-propos aurait été les Contes de Noël de Dickens, mais je n’ai pas ce recueil à la maison, et j’ai déjà lu Un chant de Noël. Alors ? Que choisir ? J’avais envie d’humour et de légèreté, et de nouveauté ! J’ai donc jeté mon dévolu sur Les contes de la rue Broca de Pierre Gripari, un recueil jeunesse archi connu dont je ne me souvenais pas avoir lu une seule histoire. Voilà donc l’occasion rêvée.

La rue Broca est une rue de traverse parisienne, proche de la rue Mouffetard et des Gobelins.
Pierre Gripari prend pour cadre de ses histoires cette rue à laquelle il confère une ambiance particulière, celle d’un village dans lequel tout le monde se connaît. Les personnages principaux sont Papa Saïd, qui tient l’épicerie buvette, et ses quatre enfants ; M. Riccardi, qui tient un hôtel, et ses quatre enfants aussi ; et M. Pierre, un inconnu écrivain qui vient régulièrement dans le quartier et qui s’est laissé apprivoiser par les enfants. C’est avec eux qu’il a créé et élaboré les histoires qui constituent les contes de la rue Broca.

Il y a en tout 13 histoires, la plupart liées d’une façon ou d’une autre aux personnages de la rue Broca. Bachir part rue Mouffetard sauver sa sœur enlevée par la sorcière qui voulait la manger avec de la sauce tomates selon les indications d’une recette qui la rendrait enfin belle (La sorcière de la rue Mouffetard), Tina et Nicolas (enfants de M. Riccardi) sont dans La paire de chaussures deux chaussures amoureuses qui ont pris l’habitude de vivre collées dans leur boîte, jusqu’au jour où une dame les achète et les sépare à chaque foulée. Un cours d’histoire de Bachir donne à M. Pierre l’occasion d’enquêter et de découvrir la véritable histoire du père Lustucru.

Je ne pensais pas me régaler autant avec un recueil de contes, et je comprends pourquoi Les contes de la rue Broca est un ouvrage culte de la littérature jeunesse. C’est drôle, c’est fou sans être loufoque, entendez par là que tout se tient sans que rien ne soit plausible. Les histoires sont toutes très différentes, et toutes sont parfaites. Il y a les habitants de la rue Broca mais aussi des princes et des princesses, une sirène, une patate qui parle, des diables et des dieux. D’ailleurs j’ai apprécié l’audace de l’auteur de faire de l’humour avec Jésus, Dieu, le Pape avec autant de naturel qu’avec d’autres sujets moins sensibles. Il y aussi un double niveau de lecture, certaines scènes feront autant rire les enfants que les adultes, mais pas pour les mêmes raisons.

– Eh bien moi, dit le marin, je connais une poupée qui me l’avait prédit.
– Une poupée ? Tu n’as pas un peu bu, non ?
– J’ai beaucoup bu, dit le marin, mais ça n’empêche pas.

Si j’avais eu de l’imagination pour inventer des histoires, j’aurais aimé avoir celle de Pierre Grimari. Lire ses contes, c’est se lover dans une bulle d’enfance pleine de fantaisie et de drôlerie. Ce recueil a 50 ans et n’a pas pris une ride.

Je suis très très contente de mon choix pour ce rendez-vous, c’était une lecture idéale en cette période et une merveilleuse découverte.

Maintenant, allons voir ce que les copines ont lu de leur côté… Moka

France Loisirs, 2017, ISBN 978-2-298-13435-3, 229 pages, 7.50€

16 réflexions au sujet de « « Les contes de la rue Broca » de Pierre Gripari »

  1. Comme toi, j’essaie de ne rien acheter pour ce challenge classique tant ma bibliothèque en compte… Pour le choix de ce mois-ci, j’ai eu les mêmes hésitations que toi. Entre Maupassant et Dickens, j’ai finalement opté pour Andersen… Rien de bien joyeux avec mon choix néanmoins…
    J’ai ce Gripari sur ma PAL, je l’avais ressorti récemment suite à un énième débat agitant IG sur le caractère « raciste » de certains contes qui m’avait vraiment interpellé car, comme toi, j’ai dans l’idée qu’il s’agissait là de textes qui faisaient du bien… Je compte bien les lire et j’espère y trouver le même plaisir que toi.

    1. Racistes, rien que ça ? On voit du racisme et du sexisme partout de nos jours, c’est d’une tristesse. Moi je n’ai rien vu de raciste. Il y a même un cochon qui se cache chez papa Saïd, j’appelle ça de l’ouverture d’esprit mais chez eux qui tombent sur de Fombelle parce qu’il a osé se mettre à la place d’une petite fille noire ça s’appelle peut-être du racisme. De toutes façons, le jour où j’ai soulevé le t-shirt d’un mec pour retirer les caleçons qu’il a avait volés et glissés dans son pantalon et qu’il m’a traitée de raciste (blond aux yeux bleus tu penses bien que je l’aurais laissé faire), j’ai compris qu’on pouvait voir du racisme partout où on en avait envie.
      Je suis sûre que toi aussi tu aimeras ces contes réjouissants.

  2. Je n’ai pas pensé à regarder dans ma PAL si j’avais des contes jeunesse! (Et après vérification, j’avais un recueil de Gudule…)
    Je n’ai pas tout lu de ce recueil mais certains ont été lus dans ma jeunesse, et j’en garde un bon souvenir!

    (J’essaie aussi de ne pas acheter mais j’avoue avoir craqué notamment pour le mois passé avec les histoires de famille)

  3. Ah Gripari, comme j’ai aimé le lire au collège, et j’aimerais y replonger avec mon regard d’adulte. Pour rebondir sur le caractère raciste, je n’ai pas suivi les débats insta, mais il y a quelques années, j’avais été surprise d’apprendre ses accointances avec l’extrême-droite, au sujet de la bibliothèque de Vitrolle, dont les collections avaient été remises au goût du jour lors du passage du FN dans la commune, où des élus brandissaient Gripari en exemple…

    1. Les contes de la rue Broca était quelque chose dont j’avais entendu parler sans rien connaître. J’ai tellement aimé découvrir ce recueil ! Et je me vois déjà raconter ces histoires à mes garçons plus tard 😊
      Pour le racisme ma foi, rien vu de tel ici. Et je sais que ce n’est pas évident pour tout le monde, mais je n’ai aucun mal à dissocier l’artiste de l’œuvre. Dommage si Gripari était d’extrême droite, je n’aurais pas aimé partager sa table, mais j’ai adoré le lire.

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