Entre 1976 et 1983, l’Argentine a vécu sous une dictature militaire pendant laquelle près de trente mille opposants ont été enlevés, torturés, assassinés, sans qu’on sache où sont passés les corps. On les appelle les desaparecidos. Parmi ces opposants, il y avait des femmes enceintes, qu’on a laissé accoucher pour ensuite voler leurs bébés et les placer dans les familles favorables au régime.
Dès 1977, les mères de ces desaparecidos se sont regroupées et se sont retrouvées chaque semaine place de Mai, à Buenos Aires, pour défiler et réclamer qu’on leur rende leurs petits-enfants
Depuis 1992, chaque personne qui le souhaite peut demander à bénéficier d’une analyse ADN pour déterminer 1) s’il est bien l’enfant de ses parents 2) s’il a un parent qui le recherche.
A partir de ces faits réels, Matz a imaginé Mario et Santiago, deux amis. Mario ne ressemble en rien à ses parents et a toujours perçu une zone d’ombre autour de sa naissance : pas de photos de grossesse, ni de lui bébé. Il veut donc faire une analyse ADN et demande à Santiago de l’accompagner.
A travers leurs recherches, nous voyons comment vit la génération après les desaparecidos. Le besoin de découvrir la vérité, d’où l’on vient, ce que sont devenus les enfants… Le pays contribue à réparer ses erreurs en rendant les recherches ADN accessibles à tous.
Il y a plusieurs façons d’aborder le problème : soit on veut savoir. Soit la nouvelle nous tombe dessus. Des parents peuvent avoir pensé que l’adoption était faite dans les règles, sans savoir qu’il s’agissait d’un enfant volé. Une personne peut savoir qu’elle est enfant de desaparecidos et ne jamais réussir à retrouver sa vraie famille. Toutes ces facettes sont exploitées aux côtés de Santiago et de Mario, dans une intrigue qui forme une histoire belle et fluide.
J’ai d’autant plus aimé que je trouve les planches de Mayalen Goust sublimes. Elle travaille ses couleurs comme un peintre, c’est à la fois doux et intense.
Voilà un ouvrage que je recommande fortement, autant pour le fond que pour la forme.
Rue de Sèvres, 2018, 978-2-369-81395-8, 83 pages, 15€
Retrouvons-nous chez Noukette pour partager nos BDs de la semaine.
Je l’avais déjà notée, merci pour le rappel 🙂
Mais de rien 😄
je m’intéresse beaucoup à ce thème, donc pourquoi pas, les dessins et l’histoire sont attirants !
Si tu es déjà intéressée par le thème, ça va certainement te plaire.
Déjà notée, merci pour la piqure de rappel !
De rien !
J’avais beaucoup aimé aussi.
🙂
Les planches sont belles, mais j’ai moyennement accroché au scénario (pour une fois, j’avais deviné trop tôt la suite), et puis le dossier documentaire fait un peu redondant avec le récit en bulles… Avis mitigé pour moi donc !
Le suspense est au niveau zéro, on est d’accord. Comme on devine tout de suite, ce qui est intéressant c’est de savoir comment le personnage va encaisser la nouvelle quand il l’apprendra. C’est ça la vraie surprise au final ^^
merci pour la piqure de rappel
Avec plaisir !
Très tentant. Merci.
De rien !
Album déjà repéré mais toujours pas recherché. À chaque fois, je me demande pourquoi.
Il me faut le trouver!
Parce qu’on en note tant et tant qu’il y en a forcément qui se perdent en route 😉
Je ne connaissais absolument pas les faits réels sur lesquels se base cette BD. C’est terrifiant ! J’ai bien envie de la lire et de creuser le sujet maintenant !
Il y a une mini documentation à la fin qui apporte quelques éléments. Je pense qu’il y a de quoi de creuser le sujet, mais ça fait froid dans le dos.
Article prévu sur ce livre la semaine prochaine ! J’ai trouvé particulièrement réussi la façon dont la fiction traite ce fait historique. Parfois, le scénario des BD historiques sonne un peu artificiel. Là ce n’est pas du tout le cas.
Oui, c’est vrai, il y a une véritable intrigue mise au service d’une réalité historique.
Un album fait pour me plaire !
Chouette !
Déjà noté à plusieurs reprises, mais toujours pas lu !
J’avais beaucoup aimé !!
Si le fond et la forme sont de qualité, aucune raison de résister !