« Quand Dieu boxait en amateur » de Guy Boley

9782246818168-001-T.jpegSeptième lecture de la session de septembre 2018 des 68 premières fois.

Autant le dire tout de suite, j’étais dans le bus lorsque j’ai commencé ce roman. Je l’avais glissé dans mon sac sachant que j’allais terminer Swing Time de Zadie Smith, un roman épais, dense et passionnant comme je les aime. J’ai donc rangé ce pavé dans mon sac pour en sortir le poids plume Quand Dieu boxait en amateur. Je partais avec un à priori. Interlignes larges, moins de 200 pages, ça va encore être beaucoup de belles phrases alambiquées qui ne me laisseront pas grand chose.

Et je me suis donc lancée dans cette nouvelle lecture en même temps que le bus traversait le Cher.

J’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l’histoire. Ce que je lisais ne me déplaisait pas, l’écriture non plus, mais je ne trouvais pas la clef qui me permettrait véritablement d’entrer dans ce roman. Un roman qui parle du père du narrateur, René, un boxeur amateur amoureux des mots qui n’a pas eu l’enfance qu’il méritait. Son père est mort alors qu’il était encore dans le ventre de sa mère, une femme au mode de vie rural qui estimait que lire était une perte de temps. Son fils était un sensible, ne répondait pas aux moqueries et chahuts, alors elle l’a inscrit à la boxe. Il avait un meilleur ami, avec qui il partageait la passion des lettres.

Et c’est lorsqu’ils sont arrivés à l’âge adulte que l’histoire m’a conquise. Les deux garçons, maintenant hommes, sont toujours amis. Mais si René est forgeron et un grand boxeur, Pierrot a choisi la voie de Dieu. Et par amitié, René accepté de jouer le rôle de Jésus dans le spectacle que veut organiser le « père abbé ». Le narrateur décrit la hargne que son père a mise pour apprendre son rôle et l’incarner, lui qui était au départ un piètre comédien. Il y avait de quoi être fier. Mais les années passant, son fils s’est détourné de lui, s’est moqué, ne venait plus voir ses momies de parents que pour profiter d’un foyer chaud et d’un bon repas. Le père était son héros mais il l’a laissé sombrer avant de le lui dire.

Plus ça allait, plus ce roman me bouleversait. Je suis à la fois très peinée pour René, qui me donne l’impression de ne pas avoir eu une vie à sa mesure. Et pour le narrateur, qui comprend qu’il a abandonné son paternel.
René est un personnage lumineux qu’on n’a pas laissé briller.

Contrairement à ce que ma première impression laissait envisager, j’ai aimé ce roman. C’est triste, mais beau. J’ai adoré l’écriture de Guy Boley, avec cette pointe d’humour pleine d’ironie qui donne un ton désabusé au récit. Un ton désabusé qui trahit le coeur meurtri de son narrateur. Même si parfois il donne une image de son père peu reluisante, il a su dresser un beau portrait de René et lui rend magnifiquement hommage. Il l’érige en héros mais nous le montre en tant qu’homme, avec ses forces et ses faiblesses. Ce que j’en retiens surtout c’est sa prestance et son intégrité, son humilité.
Un roman touchant que je pense relire un jour.

Grasset, 29 août 2018, ISBN 978-2-246-81816-8, 176 pages,

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http://delivrer-des-livres.fr/?p=32129

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